LES SPECIALISTES de la vie syndicale n’en seront pas surpris, même si l’histoire récente des syndicats médicaux français est plus faite de séparations que de regroupements : la FMF du Dr Jean-Claude Régi et Espace Généraliste, du Dr Claude Bronner, se préparent, selon les termes mêmes du Président de la Fédéartion des médecins de France, à « une fusion ».
Dans un texte commun, les deux organisations annoncent en effet que « les signataires actuels de la convention médicale mettent en danger la médecine libérale en imposant des solutions de replâtrage vouées à l’échec. Devant ce constat, Espace Généraliste et la FMF jugent indispensable de procéder à un regroupement syndical pour créer une nouvelle dynamique fédérative ».
Ce projet de fusion va, il est vrai, à l’encontre de la tendance qui a prévalu ces trois dernières décennies. La FMF et MG-France sont nés du départ d’un certain nombre de médecins de la CSMF, à la fin des années 70 pour la FMF, et au début des années 80 pour MG-France. Quant à Espace-Généraliste, ce syndicat est né de la dissidence d’un certain nombre de médecins de MG-France. C’est donc la première fois depuis plusieurs décennies qu’en matière de syndicats médicaux, la force centripète l’emporterait sur la force centrifuge.
Le week-end dernier, les cadres de la FMF et ceux d’Espace-Généraliste se sont retrouvés à Saint Nabor (Bas-Rhin), « dans le fief de Claude Bronner », précise Jean-Claude Régi. Les deux syndicats y ont posé « les bases d’une union » en traçant les grandes lignes d’un programme syndical qui devra être approuvé par les assemblées générales de chacune des composantes. Ce programme syndical, précise le communiqué final, consiste essentiellement en une « convergence d’analyse sur la nécessité d’intégrer la problématique de la médecine spécialisée et celle du médecin traitant ».
De plus, des groupes de travail réunissant des membres des deux formations ont été créés pour plancher sur des thèmes variés comme la démographie médicale, la PDS, l’enseignement de la médecine générale, la politique des revenus, le secteur optionnel ou encore la régionalisation de la Santé. Ces groupes devront en outre plancher sur « la gradation des soins entre les médecins traitants, les spécialités de ville et l’hôpital ». L’idée générale étant, selon Jean-Paul Hamon, président de la FMF versant généraliste, d’opérer la fusion entre la FMF-G et Espace Généraliste.
A la FMF, le président Jean-Claude Régi semble satisfait : « Pour la première fois, indique-t-il au « Quotidien », on assiste à une fusion et non à une scission. Cette fusion va permettre la création d’un pôle médecin traitant ».
Une force conséquente
Mais au-delà de cette tendance nouvelle, le patron de la FMF est persuadé que le poids de cette nouvelle structure syndicale risque de modifier la donne. Pour lui, et sur la base des élections aux URML de 2006 (qui avaient donné 24,5 % des voix à la FMF et 7,1 % à Espace Généraliste), « nous allons devenir la première force syndicale polycatégorielle », devant la CSMF qui avait pour sa part obtenu 31,3 % des voix, généralistes et spécialistes confondus.(1) Jean-Claude Régi n’est pas inquiet des risques de rejet de cette greffe : « Quand les coordinations sont arrivées chez nous, j’ai passé un contrat de confiance avec elles. Ses membres se sentent bien chez nous, et certains sont devenus plus FMF que moi. De la même manière, Espace Généraliste va trouver chez nous un lieu de liberté où chacun se sentira bien ». Quant à Jean-Paul Hamon, actuel patron de la FMF versant généralistes, il applaudit aussi des deux mains : « Nous avons pu calmer les inquiétudes de la base. Pour Espace-Généraliste, la FMF apparaissait un peu comme un syndicat « nud papillon », quant aux adhérents de la FMF, certains voyaient en Epace-Généraliste un syndicat un peu dogmatique ».
De son côté, Claude Bronner pense « le plus grand bien » de cette fusion. « Certes, ajoute-t-il, nos deux syndicats ont besoin de l’accord de leurs Assemblées générales pour entériner cette fusion, mais je ne me lance pas dans la bataille pour me prendre une claque ». Claude Bronner insiste bien sur le fait qu’il s’agit de mettre en place une structure représentative des médecins traitants, mais au-delà, il compte lui aussi ses divisions : « Bien sûr, cette fusion nous donnerait à coup sûr la représentativité, mais au-delà, elle nous permettrait d’avoir les 30 % nécessaires pour pouvoir signer tout seul, le cas échéant, une convention ».
Ensuite, cela pourrait aller très vite. Pour Jean-Claude Régi, la fusion devrait pouvoir être effective courant février prochain, ce que confirme Claude Bronner qui parle des semaines qui suivront les assemblées générales des deux syndicats, qui doivent se tenir fin janvier. Quant à
L’organigramme de la nouvelle structure, on verra plus tard, semblent dire leurs responsables qui veulent bien montrer qu’ils travaillent pour des idées et non pour des ambitions personnelles. Claude Bronner ajoute même que « ce sont les adhérents qui voteront. Ca ne me gênerait pas qu’Hamon soit président, ça ne me gênerait pas non plus de l’être ».
(1) Aux élections aux URML de 2006, dans le collège des généralistes, MG-France avait obtenu 31 % des voix devant la CSMF-UNOF 26%, la FMF 16% et Espace généraliste 12 %. Le SML obtenant 11%. Dans le collège des spécialistes, la CSMF devancait avec 38% des voix, la FMF (36%) et le SML (16%). Tous colléges confondus la CSMF obtenait donc 31% de l’ensemble des voix des médecins libéraux, devant la FMF (24,6%) MG France (18%) le SML (12,7%). Espace génraliste qui, comme MG France évidemment, n’était présent que dans le seul collège des g&énéralistes ne receuillait donc que 7,1% des voix des médecins libéraux.
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