LE QUOTIDIEN : Vous venez d'être réélu président. Quels seront les dossiers prioritaires pour cette année supplémentaire à la tête du SNARF ?
DR CHRISTIAN-MICHEL ARNAUD : Je vais continuer à défendre notre place dans la convention, car nous n'y avons rien gagné ! Si les chirurgiens et obstétriciens ont obtenu pas mal de choses – comme les modificateurs J et K et l'OPTAM-CO – les anesthésistes avaient été mis à l'écart, notamment sur l'avis ponctuel de consultant (APC). On nous avait initialement promis que cette cotation reprendrait intégralement les conditions du C2, facturé en fonction de la gravité de l'état du patient adressé par un autre spécialiste, selon le score ASA (supérieur ou égal à 3). Mais dans les faits, l'APC nous a été refusé dans les établissements de soins. J'ai été aussitôt alerté par des confrères de toute la France confrontés aux refus des caisses locales ! De plus, alors que nous pouvions ajouter au C2 des modificateurs de nuit et de jours fériés, ces majorations ont aussi été refusées pour les APC. Bref, les anesthésistes se sont sentis perdants. Nous avons demandé à la CSMF, de retour dans la convention médicale, d'exiger que l'APC reprenne les anciennes conditions du C2. Ce point a été validé dans l'avenant n°6 [sur la télémédecine], les choses devraient enfin changer.
Dans votre allocution lors de l'assemblée générale du syndicat, vous vous revendiquez « précurseurs » dans de nombreux domaines…
Oui. En anesthésie libérale, nous produisons deux tiers de l'activité alors que nous représentons un tiers de la spécialité. On fait tout en libéral, seules les greffes ne sont pas possibles. Notre productivité est un modèle. Nous voulons la proposer en termes d'organisation et de pertinence des soins. Beaucoup d'innovations sont parties du monde libéral comme l'anesthésie locorégionale, la récupération rapide après chirurgie ou l'ambulatoire. Nous souhaitons que cette dynamique exemplaire soit mieux valorisée.
De la même façon, sur la recertification, qui me semble inéluctable, on devrait s'inspirer de ce qui se fait déjà avec les plateaux techniques lourds. L'accréditation des spécialistes à risques a une efficacité prouvée : ils ont 20 % de sinistralité en moins que ceux qui ne sont pas accrédités ! On pourrait transposer aux autres spécialités en changeant les critères. Pour la médecine générale, cela peut être la gestion du cabinet, la prise en charge des pathologies chroniques, etc.
On peut citer enfin le débat récent concernant les infirmières de pratique avancée (IPA) : nous avons également été précurseurs avec les infirmiers anesthésistes diplômés d'État (IADE), qui ont un bac+5 validé en master 2 et sont extrêmement compétents ! Ils restent toujours sous le contrôle du médecin et nous leur déléguons des tâches, non des compétences. Là encore nous avons un modèle qui fonctionne, on le propose.
La généralisation de la télémédecine aura-t-elle une utilité pour les anesthésistes ?
La télémédecine peut être intéressante pour des patients que nous revoyons régulièrement pour des interventions, avec une logique de consultation préopératoire, lorsque l'état de santé est bon et ne bouge pas. Dans ce cas, la téléconsultation est adaptée. Cela permettra à des patients éloignés d'un établissement d'éviter de se déplacer ou de poser un arrêt de travail. Mais cela réclame des moyens. Il faut que ce service supplémentaire rendu à la population soit valorisé, surtout si l'on doit investir dans du matériel.
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