Ce n’est pas surprise : le corps médical se féminise à vitesse grand V. Ainsi, selon l’enquête rendue publique par la CSMF à l’occasion de ses 80 ans et qui se fonde sur des études réalisées par le Centre de sociologie et démographie médicale en 1967, 1977 et 2007, « en l’espace de quatre décennies, la profession médicale française a connu plus que le triplement de sa proportion féminine ». Ainsi, en 1967, on comptait 13 femmes pour cent médecins en activité, elles étaient 16 dix ans plus tard, mais en 2007, 44 % des médecins en exercice étaient des femmes. L’évolution est surtout spectaculaire pour le secteur libéral, puisqu’en quarante ans, le nombre de médecins libéraux de sexe féminin a été multiplié par 5,1.
S’agissant de l’âge des médecins, on note en trente ans, une élévation significative de l’âge moyen de la profession. En 1977, sur cent médecins, près du tiers à moins de quarante ans. « Trois décennies plus tard, précise l’étude de 2007, la proportion n’est plus que de 1 sur cinq. De l’autre côté, le groupe intermédiaire, celui âgé de 40 à 54 ans qui rassemblait quatre médecins sur dix en 1977 devient majoritaire avec 54 % en 2007. Quant au groupe des aînés (âgés de 55 ans et plus), sa proportion de 23 % s’est élevée à 26 % ».
Ce mouvement, qui ne touche que partiellement la médecine hospitalière, est en revanche très prononcé chez les médecins libéraux : en 1977, près du tiers des praticiens qui exercent en cabinet libéral sont âgés de moins de quarante ans, mais trente ans plus tard, on ne recensait qu’un médecin libéral sur sept de cette tranche d’âge.
Autre observation pertinente : le pourcentage de médecins libéraux est en nette régression. Ce qui n’est pas réellement une surprise. En revanche, la sévérité de la chute est impressionnante, notamment en trente ans. En 1967, 71 % des praticiens exercent en libéral ; ils sont même légèrement plus nombreux en 1977 (72 %) mais en 2007, ils ne représentent plus que 60 % de l’ensemble des médecins en exercice. On notera aussi qu’en quarante ans, le nombre des médecins libéraux a été multiplié par trois passant de 42 000 en 1967 à 120 000 en 2007 mais le phénomène est encore plus fort pour les médecins travaillant en CHU dont l’effectif a été multiplié par quatre en quarante ans.
Privilégier la qualité de vie
À l’évidence, le médecin a fondamentalement changé de vie en trente ans. C’est particulièrement vrai pour le médecin libéral qui au fil des ans a diminué considérablement son activité pour privilégier sa qualité de vie. Certes les médecins, toutes activités et spécialités confondues, travaillent en 2007 dix heures de plus par semaine (47,9 heures contre 37,9 heures) que l’ensemble des Français, mais ils consacrent à leur activité médicale moins de temps que par le passé. Ainsi, en 1977, selon les enquêtes du centre de sociologie et de démographie médicale, ils travaillaient 52,9 heures par semaine soit cinq heures de plus qu’en 2007. Certes le temps de travail des hommes médecins et plus long que celui de leurs consurs (52,4 heures contre 42,4) mais les femmes médecins ont augmenté leur temps de travail, par rapport à 1977, époque où elles consacraient "seulement" 40,2 heures à leur métier. En quarante ans, note l’étude rendue publique par la CSMF, « la semaine de travail masculine n’a presque pas varié (52,6 heures en 1967 et 52,3 heures en 2007), mais la semaine féminine s’est allongée de plus de six heures passant de 36,2 heures en 1967 à 42,4 heures quatre décennies plus tard ». L’enquête de 2007 montre aussi que la semaine du spécialiste est plus longue que celle de son confrère généraliste (48,8, heures contre 47,4 heures). Ce qui est une nouveauté par rapport aux précédentes enquêtes de 1967 et 1977, et surtout une réelle surprise. À noter enfin, concernant ce chapitre que sur la période 1977-2007, la durée de travail des médecins de CHU s’est élevée de 4 % alors que presque tous les modes d’exercice avaient diminué le leur.
La presse médicale, principal outil de FMC
Reste à savoir si le temps ainsi libéré, si cette diminution du temps de travail que les médecins se sont accordé a été plus ou moins utilisée par eux pour perfectionner leurs connaissances dans le cadre de la formation médicale continue, notamment par la lecture de publications médicales ou scientifiques. Or, s’il est rassurant de constater que la lecture des journaux médicaux constitue le principal outil de formation pour les médecins (la presse médicale est citée par 84 % des médecins devant les congrès médicaux-73 %-, la lecture des manuels, internet et les réunions de FMC), il est revanche préoccupant de voir que les praticiens consacrent de moins en moins de temps à la lecture médicale : 4,3 heures par semaine en 1977, contre 2,9 heures en 2007. Soit une diminution de 43 %
« C’est sans doute le résultat le plus inquiétant de cette enquête, commente le Dr Michel Chassang, le président de la CSMF. Les médecins malgré la réduction de leur activité professionnelle consacrent moins de temps qu’auparavant à leur FMC et à la lecture des publications médicales. Ils préfèrent privilégier leur qualité de vie personnelle ». Et pour le leader de la confédération, les tergiversations des politiques concernant la FMC, ne sont pas de nature à encourager les médecins à changer d’attitude.
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