L'ANSES alerte sur les risques des compléments alimentaires chez les femmes enceintes

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Publié le 07/06/2017
compléments alimentaires

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Crédit photo : PHANIE

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), à la suite du signalement d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux femmes enceintes, recommande la prudence.

Entre 2009 (mise en place du dispositif national de Nutrivigilance) et 2016, ce sont 44 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux femmes enceintes qui ont été portés à la connaissance de l’ANSES. L’Agence a donc décidé de s’auto-saisir, le 17 décembre 2013 et d’évaluer les « risques endocriniens et métaboliques relatifs à l’apport au cours de la grossesse de vitamine D et d’iode par des compléments alimentaires impliqués dans des cas de Nutrivigilance » (lire ici l’avis complet). Parmi ces cas, deux sont établis d’imputabilité intrinsèque « vraisemblable », onze d’imputabilité « possible » et cinq d’imputabilité « douteuse ».

« Nous avons reçu quelques dizaines de signalements sur les effets endocriniens et métaboliques, surtout chez des fortes consommatrices de compléments alimentaires, dont le profil est plutôt celui de femmes jeunes et au niveau socio-économique élevé », précise le Pr Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’ANSES, au « Quotidien ».

Les signalements concernent principalement des cas d’hypercalcémie et d’hypothyroïdie néonatales, chez des femmes ayant consommé des compléments alimentaires contenant vitamine D et/ou iode, mais aussi des effets gastroentérologiques ou obstétricaux (2 interruptions médicales de grossesse). « L’hypercalcémie peut entraîner pâleur, vomissements, douleurs abdominales, tachycardie, voire troubles neurologiques et convulsions, tandis que l’hypothyroïdie néonatale peut occasionner un retard psychomoteur chez l’enfant », rappelle le Pr Lasfargues.

Une hypercalcémie liée à une mutation génétique

Les apports provenant des compléments alimentaires ne peuvent expliquer à eux seuls une hypercalcémie néonatale, précise l’ANSES. En revanche, une hypersensibilité génétique à la vitamine D (provoquant une mutation du gène codant pour l’enzyme inactivant la vitamine D), associée à des apports élevés, peut provoquer cette hypercalcémie. L’ANSES recommande donc, en cas d’hypercalcémie néonatale non expliquée par une autre cause, de rechercher cette éventuelle mutation.

Ne pas multiplier les sources de vitamines et minéraux, hors besoins établis

« Mais il importe surtout de rappeler aux femmes enceintes qu’une alimentation variée et équilibrée permet de couvrir les besoins en vitamines et minéraux », insiste le Pr Lasfargues. Et si les femmes nécessitent une supplémentation en vitamine D, en cas d’exposition solaire trop limitée, c’est une indication qui doit être posée par le professionnel de santé, auprès duquel les femmes enceintes doivent toujours prendre conseil avant de consommer des compléments alimentaires. Par ailleurs, il est primordial que les professionnels de santé pensent à déclarer les effets secondaires potentiellement associés aux compléments alimentaires, quand ils en ont connaissance. »

Pour limiter les risques, l’ANSES « attire l’attention des professionnels de santé sur l’importance de ne pas cumuler les sources de vitamines et minéraux sans suivi biologique régulier. »


Source : lequotidiendumedecin.fr