En pleine semaine mondiale de l'antibiorésistance, les journées scientifiques de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement du travail (ANSES) ont confirmé le succès du premier plan Ecoantibio.
En 2016, le volume total des ventes d'antibiotiques à visée vétérinaire était proche de 530 tonnes, soit une baisse de 18,5 % par rapport à la moyenne des années 2014 et 2015. Comparé à celui de l'année de référence de 2011, la vente d'antibiotique a diminué de 41,8 %.
Entre 1999 et 2016 l'indicateur d'exposition des animaux (ALEA) a diminué de 36,6 % en France (supérieure aux 25 % visés par le plan EcoAntibio), et de 20,5 % entre les années 2014-2015 et 2016. La France est désormais à la 12e place des pays de l'Union européenne en termes de consommation d'antibiotique, avec 70,2 mg/kg de poids vif contre 135,5 pour la moyenne européenne. La baisse a été plus sensible chez les porcs (41,5 %) les volailles (42,8 %) que chez les bovins (24,3 %) ou chez les chiens et chats domestiques (19,4 %).
En ce qui concerne la surveillance de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries d'origine, les choses sont plus contrastées. La campagne 2016 de prélèvements chez les volailles fait état d'un taux 22,9 % de souches d'Escherichia coli multirésistantes chez le poulet et de 17 % chez la dinde. Les souches de Campylobacter jejuni résistantes aux quinolones et fluoroquinolone ont augmenté, tandis que les Escherichia coli résistantes à la tétracycline ont significativement diminué chez les poulets à l'abattoir. Par ailleurs, chez la dinde, les Escherichia coli sensibles à tous les antibiotiques sont désormais plus nombreuses : 18,7 % en 2016 contre 4,5 % en 2017.
Coup d'envoi d'EcoAntibio 2
Le 6 octobre dernier, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a présenté son plan Ecoantibio 2 2017-2021. Questionné par « Le Quotidien du Médecin », Olivier Debaere, chef du bureau des intrants et de la santé publique en élevage au sein de la direction générale de l'alimentation (DGAL) détaille les 4 axes du plan : « les alternatives et la prévention des maladies par la modification des pratiques, l'amélioration de la biosécurité, la formation et la sensibilisation du public, les outils pour affiner la surveillance de l'antibiorésistance et le lobbying en Europe, liste-t-il. Si la lutte contre l'antibiorésistance n'est le fait que de quelques pays vertueux, nos efforts n'auront servi à rien. Certains pays utilisent encore les antibiotiques comme facteurs de croissance. »
Le nouveau plan prévoit une surveillance renforcée pour la résistance à la colistine, suite à la publication en novembre 2015 d'un article décrivant les premiers mécanismes de transfert des mécanismes de résistance d'une bactérie à l'autre, même quand elles n'appartiennent pas à la même espèce. « Suite à cette découverte, nous avons recherché ce plasmide dans notre souchothèque de bactéries résistantes et l'avons très souvent retrouvé dans 20 % des souches productrices de bêtalactamases à spectre élargi », confie Marisa Haenni, du laboratoire Anses de Lyon. L'axe législatif a en revanche disparu : « Le premier plan a déjà vu l'adoption de nombreuses lois et de décrets, il faut maintenant veiller à leur application », ajoute Olivier Debaere.
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