Le courrier adressé par l’intersyndicale Action praticiens hôpital (APH*) à la Direction Générale de l’offre de soins (DGOS, ministère) ressemble à un coup de griffe. Les représentants des PH y rappellent avoir « découvert avec étonnement la parution, début octobre 2023, d’un « rapport sur la santé des professionnels de santé ».
Ce dernier a été construit sur la base d’un questionnaire et d’auditions des représentants des blouses blanches. Problème, les praticiens hospitaliers, pourtant concernés au premier chef, n’ont pu y répondre en ligne « faute de pouvoir s’identifier en tant que PH dans le questionnaire », se désole le syndicat. Les organisations syndicales représentatives des PH n’auraient pas non plus été auditionnées, ajoute le syndicat. Un comble alors que ces problématiques de souffrance sont particulièrement prégnantes à l’hôpital.
Aujourd’hui, APH préfère passer l’éponge sur ces « ratages » et publie sa propre « contribution », dans un esprit constructif. Avec un temps de travail hebdomadaire moyen compris entre 60 et 70 heures, un volume horaire qui a une incidence directe sur la santé des praticiens, notamment dans les spécialités à gardes, l’intersyndicale demande à « reprendre l’activité de l’Observatoire de la souffrance au travail (Osat) ». Créée en 2017, cette plateforme en ligne permet aux personnels médicaux hospitaliers de déclarer les situations individuelles de souffrance en lien avec leur vie professionnelle. Avec le double objectif de mettre en place une action individuelle de réponse si nécessaire, mais aussi d’assurer une surveillance épidémiologique sur les causes de ces souffrances.
Certification périodique plutôt que DPC
Deuxième axe cité dans le rapport ministériel, la formation des soignants à la veille de « leur propre santé ». Sauf que « le DPC (développement professionnel continu) ne fonctionne pas, notamment chez les hospitaliers », objecte APH. Ce dernier propose plutôt que toutes les formations concernant la santé personnelle des professionnels de santé – d’origine institutionnelle, syndicale ou via des organismes privés – soient automatiquement intégrées à la certification périodique (qui prévoit un axe sur ce sujet). Plus efficace, juge le syndicat.
Quant à la piste gouvernementale de création d’un DU ou d’un DIU de « santé des professionnels de santé », la centrale est formelle. Cela ne doit pas être « un palliatif à la spécialité médicale de santé au travail ». Pour éviter ce glissement, APH propose que les praticiens, hospitaliers ayant validé ce diplôme soient les référents de la commission de vie hospitalière des CME. Et qu’ils travaillent en collaboration avec le médecin du travail des établissements. L’exercice de la santé au travail doit être « sanctuarisé, en restant une discipline médicale, et indépendante de l’employeur », martèle l’intersyndicale, qui réclame un médecin de santé au travail dans chaque établissement MCO et psy (accessible directement).
Grossesse, parentalité et burn-out
Côté prévention, le syndicat appelle à « l’arrêt des gardes et astreintes nocturnes dès le diagnostic de grossesse posé » et à l’ouverture 24h/24 des crèches, week-end et jours fériés inclus pour les praticiens qui font des gardes de 24 heures. Quant à l’organisation des plannings, l’équilibre vie professionnelle/privée « concerne autant les mères que les pères », insiste APH. Autre requête complémentaire : un axe spécifique « sur le temps de travail des praticiens hospitaliers » afin de prévenir les risques psychosociaux, toutes générations confondues.
Dans un plus large spectre, APH souhaite l’ouverture du chantier de la pénibilité pour les PH, alors que le sujet de l’usure professionnelle s’impose notamment dans le cadre du travail de nuit et des durées d’activité qui peuvent dépasser 24 heures d’affilée. Dans ce même esprit, le syndicat souhaite que le fonds d’investissement dévolu à la prévention de l’usure professionnelle puisse concerner les PH mais aussi « l’ensemble des statuts du cursus (HU, PH, titulaires et non titulaires, chefs de clinique, internes et externes) ».
Enfin APH pousse l’idée d’une prise en compte de la pénibilité des gardes et astreintes pour majorer les retraites des praticiens concernés. Le message est clair : travail de nuit, gardes mais aussi temps de travail additionnel (TTA) doivent pouvoir ouvrir des droits spécifiques en termes de bonification retraite.
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