Dans une situation financière critique depuis plusieurs années, l'hôpital de Cherbourg (Manche) a mis au point, avec l'agence régionale de santé (ARS) Normandie, un plan de redressement sur quatre ans. L’établissement s'est engagé auprès des tutelles sanitaires à mettre en place une politique de diminution durable du déficit à partir de 2019. Fin 2017, le centre hospitalisation affichait un déficit cumulé de 55 millions d'euros, malgré des aides exceptionnelles perçues en cours d’exercice (5,3 millions d'euros en 2016, 3,9 millions d'euros en 2017).
Aux grands maux les grands moyens, une réorganisation s'annonce donc pour le personnel, avec son lot de suppressions de postes et de lits d'hospitalisation. Présenté le 12 octobre dernier, le plan a fait bondir les syndicats d'agents.
Avec 20 millions d'euros d'économies prévues sur les quatre prochaines années, le centre hospitalier du Cotentin va devoir se serrer la ceinture s’il veut rentrer dans les clous du comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins (copermo). C'est ainsi que la direction prévoit la suppression de 190 équivalents temps plein (ETP) d'ici à 2022 afin de réorganiser les services de l'hôpital. Avec un total d'environ 2 095 ETP (personnel médical et paramédical réunis), le plan représenterait une suppression de presque 10 % des effectifs de l'hôpital. Selon son directeur, Maxime Morin, c'est une décision incontournable qui touchera tous les secteurs de l'établissement. « Il y aura des réductions d'effectif aussi bien sur des postes logistiques, qu'administratifs, techniques ou de soins [paramédicaux, NDLR] », confirme-t-il au « Quotidien ».
Pas de quoi rassurer les syndicats auxquels la nouvelle a été progressivement annoncée lors de deux réunions du comité de pilotage. « On nous impose des réorganisations sans nous laisser le temps de s'adapter », peste Sandrine Gamblin, secrétaire Force ouvrière du CH du Cotentin, « le service de chirurgie a déjà été réorganisé plus de trois fois ». Cette fois, elle pense que ce sont les paramédicaux qui vont subir de plein fouet l'écrémage. « Nous sommes en pénurie de médecins et le personnel administratif croule déjà sous la charge de travail », témoigne-t-elle.
Aucune fermeture de service
La syndicaliste avance par ailleurs 35 suppressions de lits prévues dans le plan de redressement. Cela équivaut à peu près à 10 % des ressources de l'établissement. Un chiffre que ne confirme pas Maxime Morin sans pour autant évacuer des mesures à ce sujet. « Avec le passage à l'ambulatoire, déjà 90 lits ont été fermés sur les cinq dernières années, il va falloir continuer à faire des efforts », prévient-il.
Le directeur tente néanmoins de rassurer : « Cela n'interdit aucun projet nouveau et n'implique aucune fermeture de service. » L'hôpital mise entre autres sur le développement de la chirurgie ambulatoire et de la cardiologie interventionnelle.
Le projet sera présenté le 27 novembre à l'occasion d'une réunion entre la direction et le Copermo, chargé de donner le feu vert à la réorganisation.
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