Une plainte pour homicide involontaire a été déposée le 3 mars à l'encontre d'un chirurgien urologue du centre hospitalier de Bourges (Cher) par la famille d'Henry Latour, décédé au bloc opératoire le 14 janvier lors d'une résection transurétrale de la prostate.
Interrogée ce mercredi par le « Quotidien », Me Amélie Chiffert, avocate du praticien hospitalier mis en cause, répond point par point à Me Philippe Courtois, avocat de la famille du patient décédé, qui a affirmé lundi 18 avril, lors d'une conférence de presse, que la responsabilité du praticien était engagée.
« Pas d'état de rage »
Sur la base du compte rendu de l'anesthésiste présent le jour de l'opération et d'une lettre de l'ensemble des anesthésistes de l'établissement adressée mi-janvier à la direction, Me Courtois reproche au chirurgien un comportement « agressif », « brutal », qui pourrait être à l'origine d'une erreur médicale – le rapport de l'anesthésiste évoque une perforation de la vessie – provoquant le décès du patient.
« Mon client n'était pas dans un état de rage, affirme Me Chiffert. En 30 ans de carrière, il n'a jamais eu de problème relationnel avec qui que ce soit. Cela fait près de trois ans qu'il exerce à Bourges. La direction de l'établissement n'a jamais entendu parler de la moindre difficulté. »
Problème matériel
Le chirurgien aurait par contre bien mentionné un « problème de matériel » au début de l'opération, sur lequel il faudra, selon l'avocate, se pencher lors de l'expertise qui sera probablement diligentée à la suite de l'ouverture de l'enquête préliminaire. « L'avocat de la famille répète à l'envi que la résection transurétrale de la prostate est une intervention banale, sans risque, ajoute Me Chiffert. On ne peut pas laisser dire cela. Il s'agit certes d'une intervention extrêmement courante mais ni anodine ni mineure. »
Me Chiffert estime également que « la responsabilité des anesthésistes dans la prise en charge de ce patient devra être discutée ».
Bouc émissaire
L'avocate réfute également toute prise de stupéfiants ou d'alcool précédant l'intervention. « À ma connaissance, mon client ne souffre d'aucune addiction de ce type. »
Reste la question centrale de la compétence médicale. Selon l'avocat de la famille, aucun autre chirurgien urologue n'était présent dans les murs de l'établissement au moment de l'opération d'Henry Latour pour éventuellement prendre le relais. Une affirmation que conteste Me Chiffert. « Le chef de service était à l'hôpital ce jour-là. On n'a pas fait appel à lui car mon client a dit qu'il maîtrisait son geste chirurgical. »
Me Chiffert affirme enfin que le chirurgien a été désigné « bouc émissaire » pour endosser une responsabilité qui le dépasse. Contacté à ce propos, l'hôpital n'a pas été en mesure d'apporter une réponse au « Quotidien ».
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