Les internes de chirurgie du CHU de Martinique ont fourni une liste de doléances en mars mais malgré plusieurs réunions avec la direction, la situation a peu évolué.
L’association des internes de chirurgie est exaspérée. Dans un courrier au directeur général du CHU de Fort-de France, elle pointe les défaillances qui engendrent selon elle des retards importants de prise en charge (le délai moyen pour un patient aux urgences est « au minimum de 5 heures »), des agressions verbales voire physiques régulières sur le personnel, mais aussi « des gardes éprouvantes physiquement et moralement ».
Les chirurgiens en formation dénoncent aussi depuis plusieurs semaines le manque de matériel de base pour les urgences chirurgicales. « Nous confectionnons chaque soir des attelles plâtrées, en mousse, ou en jersey, inadaptées là où n’importe quel CHU a ce matériel de base. Nous passons notre temps à courir entre les box afin de récupérer une chose puis l’autre pour les actes les plus simples ». Les brancards ne sont pas en nombre suffisant. « Des patients entrent avec des douleurs abdominales sur des fauteuils, voire nos chaises de bureau », stipule le même courrier. En effectif réduit la nuit (deux internes, un médecin senior), les gardes sont longues dans cet hôpital qui accueille toutes les urgences chirurgicales de la Martinique. « Avec un infirmier et sans aide soignant, c’est nous qui faisons tout, se plaint un interne. C’est beaucoup de perte de temps et d’énergie », confie le jeune médecin.
Locaux insalubres
Comme dans beaucoup d’autres facultés, les internes se plaignent également de mauvaises conditions d’hébergement et des repas. « Nous logeons dans des locaux insalubres et indignes, nous n’avons aucune lumière dans nos sanitaires depuis un an, des douches ouvertes à la vue de tous, sans pommeau ni serviette, ni savon ou des chambres nettoyées à la va-vite où il manque des oreillers et des draps, des matelas sales...», poursuivent les internes de chirurgie dans leur courrier accusateur.
Plusieurs réunions ont eu lieu avec la direction du CHU qui ont permis d’obtenir du matériel (imprimante, appareil ECG) ou des repas accessibles au personnel de garde dans des locaux fermés. Une ultime réunion entre est prévue le 12 mai. Mais les internes craignent qu’elle ne suffise pas à trouver une sortie de crise et se préparent à entrer en grève illimitée des gardes le 13 mai.
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