« Nous n’accepterons pas d’être à nouveau invisibilisés, précarisés au 31 décembre 2023 ! », tonnent les syndicats UFMICT-CGT, Supadhue et l’association Ipadecc qui appellent ensemble à une journée d’action « antiprécarité » des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue), ce mercredi 29 novembre.
Un rassemblement est prévu à 11h, place Laroque, dans le XVe arrondissement de Paris pour « éviter le licenciement massif des Padhue au 31 décembre 2023 ». Une mobilisation accompagnée d’un préavis de grève et d’une demande d’audience au ministre de la Santé. Demande finalement acceptée, puisqu’un membre du cabinet d’Agnès Firmin Le Bodo recevra les organisations mercredi matin…
Pour rappel, le nouveau statut de praticien associé est censé remplacer progressivement les statuts antérieurs – praticien attaché associé (PAA) et d’assistant associé (AA) – en voie d'extinction définitive. Conséquence, au-delà du 31 décembre 2023, les Padhue qui ne seront pas lauréats des épreuves de vérification des connaissances (EVC) 2023 « n’auront aucune possibilité de renouvellement de leur contrat, pourtant légalement possible, ni du renouvellement de leur titre de séjour, qui dépend également de l’existence d’un contrat de travail », alertent les trois organisations.
2 734 postes ouverts
Une « double peine », accusent les mêmes organisations, soulignant que le numerus clausus (de ces EVC) ne dépassera pas 14 %. De fait, pour les Padhue déjà en exercice sur le territoire depuis 2019 – et ceux souhaitant venir exercer dans notre pays –, seuls 2 734 postes sont ouverts en 2023, annonçait Agnès Firmin Le Bodo au Quotidien, en mars dernier (sur plus de 20 000 candidats).
Contacté par Le Quotidien, le Dr Éric Tron de Bouchony (CGT) en déduit que « 86 % des Padhue seront recalés » aux EVC cette année, seule voie d’accès à l’exercice, censée « faire disparaître le gré à gré qui permettait aux hôpitaux de recruter des médecins étrangers à bas coût ». Las, si la majorité des Padhue échouent aux EVC, « ce sera le retour du gré à gré », redoute le médecin biologiste hospitalier. Selon les syndicats, les Padhue ont été prévenus que leur contrat ne serait pas renouvelé en cas d'échec aux EVC 2023. Et dans ce genre de situation, « les Padhue montent voir les affaires médicales qui leur disent qu'il existe une possibilité de les réembaucher… au statut de faisant fonction d’interne » (FFI), un statut particulièrement précaire.
3 000 Padhue dans la nasse ?
Selon les organisations, plus de 3 000 Padhue – non lauréats des EVC précédentes et ne rentrant pas dans les critères de la loi de régularisation de juillet 2020 – exercent toujours en France et pourraient se retrouver en grave difficulté à partir du 31 décembre 2023. Ils travaillent dans les hôpitaux en tant que praticiens attachés associés, sous la responsabilité d’un médecin senior. Leur statut est rémunéré « 2 200 euros mensuels ou 1 500 euros quand ils sont FFI ou stagiaires associés », précisent les organisations qui parlent de « discriminations ».
Pour sortir de cette impasse, tous les Padhue du territoire doivent bénéficier d’une autorisation d’exercice, « jusqu’à un examen sur dossier leur permettant d’accéder à l’autorisation définitive de plein exercice », exigent les syndicats. Il s’agirait d’accorder une commission sur dossier à tous les Padhue. C’est déjà le cas en Antilles-Guyane où les ARS permettent, après examen sur dossier, une inscription sur liste d’aptitude Conclusion des organisations, « ce qui est possible aux Antilles doit l’être en métropole ».
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