Le groupe Ramsay Générale de santé (RGDS), leader de l'hospitalisation privée en France, a annoncé ce vendredi une offre publique d'achat (OPA) visant la société suédoise Capio. Objectif affiché : faire du groupe combiné le « leader pan-européen des services de soins et de santé privés, présent dans six pays, avec pour priorité l’excellence médicale et opérationnelle ».
L'offre s'élève à approximativement 6 846 millions de couronnes suédoises (environ 661 millions d'euros), soit 48,50 couronnes suédoises (4,67 euros) par action. Ce montant représente une prime de 22 % par rapport à la cotation de Capio au 21 juin dernier, veille de l'annonce de possibles changements structurels.
Le groupe @RamsayGDS lance une offre publique d'achat #OPA auprès des actionnaires du groupe #Capio AB. #santé https://t.co/Ph0tVDR7RO
— Ramsay Générale de Santé (@RamsayGDS) 13 juillet 2018
Avec plus de 23 000 salariés et environ 6 000 médecins, RGDS exploite pas moins de 120 établissements en France (dont 30 centres de santé mentale). Sur la dernière année, le groupe a publié un chiffre d’affaires d'environ 2,2 milliards d'euros et un résultat de 266 millions d'euros. En juillet 2015, sa fusion avec le groupe australien Ramsay Health Care avait conforté sa place de leader de l'hospitalisation privée en France. Son capital est détenu à 50,9 % par la maison mère australienne et à 38,4 % par Prédica, une filiale du Crédit Agricole.
Avec cette opération, RGDS entend développer une stratégie en quatre axes − digitalisation de la relation patients/médecins, optimisation des services et de la structure du groupe, innovation et recrutement des talents. L'objectif de positionner le groupe comme « un acteur incontournable des services de soins d'ici à 2020 ».
L'innovation et le digital au cœur du projet
Le rachat de Capio ne doit rien au hasard. La société suédoise, pionnière dans le développement des soins ambulatoires, est réputée pour les services innovants qu'elle développe dans ses cliniques, tant au niveau architectural que dans les soins proposés ou la e-santé. Ainsi, les récentes applications « Capio Go », qui permettent une visite médicale en ligne, et « Better Visits », pour préparer au mieux un rendez-vous, sont mises en avant par RGDS comme autant d'atouts permettant de doper la digitalisation du groupe. Craig McNally, président du conseil d'administration de RGDS, le rappelle : « Capio a été à l'avant-garde du développement des cliniques spécialisées. »
L'autre intérêt stratégique dans le rachat du groupe suédois tient à la volonté d'internationalisation du groupe. « Notre objectif est de créer un leader de l'hospitalisation privée en Europe avec plus de 20 millions de patients dans six pays », ambitionne Pascal Roché, directeur général de RGDS. Il met en avant l'« importance des synergies attendues » et l'accélération des perspectives de croissance.
Si l'achat de Capio se réalise, en plus de s'ouvrir les portes de la Scandinavie, RGDS mettrait un pied en Allemagne où la société suédoise exploite une dizaine d'établissements. Cette opération consoliderait l'implantation française de RGDS puisque Capio est déjà un acteur solide sur le marché hexagonal (22 établissements).
Autorités de concurrence
Ces grandes manœuvres dans l'hospitalisation privée vont être analysées non seulement par le marché mais par le secteur de la santé. Critique, l'Union française pour une médecine libre (UFML-Syndicat) alerte ce vendredi contre « la dérive d'un système qui vend le système de santé ». Pour le syndicat, ce phénomène de concentration puissante dans les cliniques n'est pas sans risques. « Dangereux parce qu'il lie la survie du secteur au bon vouloir de fonds de pensions de plus en plus hégémoniques (...). Dangereux enfin parce qu'il place la Fédération de l'hospitalisation privée à terme dans les mains d'un ou deux super groupes qui décideront seuls des orientations du système. »
S'il est mené à son terme, l'achat devrait être effectif à la mi-décembre. L'acquisition de Capio par RGDS est soumise à l'autorisation des autorités compétentes en matière de contrôle des concentrations en Europe.
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