Menacés de fermeture depuis plusieurs années, le pôle chirurgie et la maternité du centre hospitalier de Guingamp (Côtes-d’Armor) demeurent en sursis. Remis à l’agence régionale de santé Bretagne, le rapport Rossetti (du nom du vice-président du Conseil scientifique auprès du Conseil national d’investissement en santé) suggère de fermer la maternité et la chirurgie conventionnelle du site de Guingamp.
Invité à proposer une évolution du projet médico-soignant partagé du GHT d’Armor, le rapporteur privilégie ainsi un scénario qui suppose de concentrer sur deux sites (Lannion et Saint-Brieuc) les accouchements (500/an) et la chirurgie conventionnelle (2 500/an). Réciproquement, cette option recommande de concentrer à Guingamp les services de médecine de réadaptation de Saint-Brieuc dans un plateau technique, de créer un pôle d’excellence de chirurgie programmée et ambulatoire pluridisciplinaire et de faire évoluer la maternité en un centre périnatal de proximité.
« Jolis mots »
Si cette option était retenue, la maternité de Guingamp pourrait disparaître. Dans un communiqué, l’ARS Bretagne, prudente, entend mener des « travaux complémentaires » afin de « définir un projet pour l’hôpital qui soit viable », en « cohérence avec les dispositions actées pour les autres établissements publics de santé du GHT ». Mais l'agence prend acte que la mission Rossetti préconise de créer, au CH de Guingamp, un pôle en chirurgie programmée et ambulatoire pluridisciplinaire associé à l’évolution de la maternité en un centre périnatal de proximité.
Autant « de jolis mots pour tenter de faire passer un projet de fermeture de services et une régression inacceptable pour les habitants du territoire », s'alarme le comité de défense de l'hôpital public et de l'offre de soins du Pays de Guingamp. Selon ce collectif, l’ARS projette de supprimer le plateau technique de Guingamp depuis 2017, ce qui aurait pour conséquence « la perte de la maternité et de la chirurgie H24 ». Et d’accuser la tutelle de jouer sur les mots quand elle affirme que le maintien de la chirurgie est acté, puisqu’il l’est « uniquement en ambulatoire et programmé ».
Contacté par « Le Quotidien », Yann-Fanch Durand, co-président du comité de défense considère que les conclusions du rapport sont « cousues de fil blanc ». Selon lui, « la première attaque de l’ARS avait été faite par l’angle de la sécurité. L’ARS est revenue à la charge en commandant ce rapport, à travers l'angle du bâtiment ».
Pour le collectif de défense, le fond du problème reste d’ordre budgétaire. « L’idée du GHT, c’est d’économiser des moyens humains, de créer des unités dans lesquelles on va pouvoir mutualiser les ressources. » L’objectif serait aussi de « faire une place au privé car la création de l’hôpital privé des Côtes d'Armor coïncide avec les premières attaques contre notre maternité. »
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