LE MOUVEMENT de défense de l’hôpital public (MDHP) peine à se structurer. Il y avait moins de monde que lors des précédentes AG vendredi soir dernier, dans l’amphi Luton de l’hôpital Cochin. Cent cinquante médecins, peut-être moins, aux avis hétéroclites. Certains campant une position radicale, et appelant au retrait pur et simple du plan stratégique de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), tandis que d’autres proposent de laisser le temps à Mireille Faugère, la nouvelle directrice générale du CHU, de prendre ses marques.
Une femme a pris le micro pour exprimer sa lassitude : « On passe son temps à chercher des lits, on a tous un sentiment de travail bâclé, des collègues partent. La promesse de démission collective doit être tenue. »« Cela fait plus d’un an qu’on a dit qu’on va démissionner. Si on ne fait rien, on est vraiment des lopettes ! », s’est exclamé un autre praticien. Le Pr Olivier Lyon-Caen n’est pas de cet avis : « Demandons à Mireille Faugère sa feuille de route, confrontons nos idées, et après nous en tirerons les conclusions. Démissionner aujourd’hui serait prématuré. » Le Pr Noël Garabédian, président du comité consultatif médical de Trousseau, pense de même : « La majorité de mon hôpital m’a dit de ne pas démissionner. Attendons. »
Les médecins présents ont – à la quasi-unanimité – adopté une double motion, l’une appelant à un débat national sur l’avenir du système de santé, l’autre visant à mettre sur pied « un comité médical pour la rénovation de l’AP-HP ». À la sortie de l’amphi, la déception était visible sur certains visages. « Ça ou rien, c’est pareil. De toute façon, le mouvement de défense de l’hôpital public n’est pas représentatif », confie ce médecin dépité.
La CME (Commission médicale d’établissement) reste vivement contestée. « Il y a longtemps que le président de la CME a trahi sa parole. On doit faire savoir que ce collègue ne représente que lui », a ainsi lancé le Pr Albert Bensman, de Trousseau. Le Pr Christian Richard a démissionné de la CME il y a quelques jours, mais aucun de ses confrères ne lui a emboîté le pas. « L’inquiétude est générale, dit ce réanimateur, mais chacun s’emploie à faire en sorte que les difficultés soient vécues par les autres. » Autrement dit, c’est le règne du chacun pour soi dans les hôpitaux parisiens.
Le président de la CME considère, lui, que « ce n’est pas le moment de démissionner ». « Il y a une nouvelle direction générale, il faut lui proposer une nouvelle donne », expose le Pr Pierre Coriat. Le débat sur les suppressions de postes ? Clôt. « Pour moi, il n’y a pas eu d’emplois non médicalement justifiés retirés en 2010 », tranche Pierre Coriat. Qui rappelle que la CME a été élue par 4 000 médecins, alors que le MDHP n’a réuni qu’une centaine de médecins vendredi dernier.
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