LE QUOTIDIEN - Quelle a été votre première priorité en tant que directeur de cette nouvelle structure que représente l’ARS ?
PHILIPPE DAMIE - Notre première priorité a été de définir les grands axes stratégiques du projet régional de santé. Pour cela, nous avons fait le choix d’une méthode participative : nous avons réussi à mobiliser près de 150 personnes, professionnels de santé libéraux (médecins, infirmiers...), membres d’associations œuvrant dans le champ de la prévention ou dans le champ médico-social, et les professionnels des établissements de santé. Le projet devrait être prêt en milieu d’année 2011 mais, déjà, les grandes thématiques de travail ont été définies pour les cinq prochaines années : accès aux soins, télémédecine, addictions, risque cardio-vasculaire, santé maternelle et infantile, lutte contre le VIH et démographie des professionnels de santé.
Le plan sida est en préparation. Il y a plusieurs mois le Conseil national du sida avait sonné l’alerte sur la situation en Guyane.
Je pense qu’il y a aujourd’hui une réelle prise de conscience de cette problématique en Guyane. Le plan sida comportera un chapitre spécifique pour les départements d’Outre-Mer. Pour la Guyane, l’idée est de mettre en place une stratégie volontariste de dépistage qui sera proposée au moins une fois par an à tous les Guyanais. Nous allons travailler avec les professionnels de santé libéraux avec qui nous avons un partenariat très fort. Les associations sont aussi parties prenantes et nous avons déjà lancé, avec le COREVIH, des campagnes pour promouvoir le dépistage. Nous souhaitons aussi développer les tests de dépistage rapides que Médecins du monde propose déjà dans un cadre expérimental. Nous y travaillons avec la direction générale de la Santé conformément à l’idée de dépistage hors les murs retenue dans le plan.
Vous avez parlé de la mobilisation des médecins. Or la pénurie de médecin est un problème récurrent, inscrit désormais dans vos axes prioritaires. Comment comptez-vous y remédier ?
La Guyane manque cruellement de médecins, même si ceux qui sont là sont très mobilisés, notamment sur les sujets de santé publique. Le département compte 340 médecins pour une population de 220 000 habitants dont la moitié a moins de 25 ans et qui devrait doubler en 2030. Nous devons faire venir des professionnels de santé et les stabiliser, car ils sont 3 fois moins nombreux qu’en métropole. Pour cela, nous sommes en train d’élaborer un plan d’accueil afin d’informer les médecins sur tous les outils d’aide à l’installation. Les médecins libéraux bénéficient déjà d’un tarif spécifique de consultation, majoré de 20 %. Il faut leur faire connaître cette disposition incitative et leur dire qu’il est possible d’exercer en Guyane et même d’y vivre sa passion. Il faut faire connaître le territoire, combattre les images négatives qui y sont attachées.
De quelles spécialités avez-vous le plus besoin ?
Nous manquons de médecins en cardiologie, en neurologie, ce qui est dramatique si nous voulons travailler sur le risque le cardio-vasculaire. Nous manquons de professionnels de santé pour prendre en charge les AVC mais aussi de diabétologues. Or la prévalence du diabète est 2 fois ici qu’en métropole. Même chose pour la chirurgie, l’anesthésie, la réanimation ou la gynéco-obstétrique, où nous restons très fragiles. À Saint-Laurent-du-Maroni, il se pratique plus de 2 500 accouchements par an, c’est l’équivalent d’un centre hospitalier comme l’hôpital Foch à Suresnes mais pour une population de 30 000 habitants.
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