« Avec les technologies de simulation et de communication, le métier de radiologue va changer en profondeur ». Le Pr Marie-France Bellin, radiologue au Kremlin-Bicêtre (AP-HP) et trésorière de la société française de radiologie (SFR), a posé en ces termes les enjeux d'une table ronde prospective qui a réuni des médecins et des industriels lors des JFR, à Paris.
Prolifération d'innovations qui bousculent le métier (intelligence artificielle, imagerie 5D…), montée en puissance des groupements hospitaliers de territoire (GHT), gouvernance encore trop administrée, besoin accru de financement : tous les experts jugent que le radiologue doit se remettre en cause mais peine à trouver sa place.
Valoriser l'expertise médicale du radiologue sera un des enjeux majeurs. « L’intelligence artificielle et le cloud vont percuter notre exercice, la relation avec le patient s'en trouvera elle aussi modifiée », prévient le Dr Laurent Verzaux, vice-président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Christophe Lala, administrateur du Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM) met en garde : « Pour les pouvoirs publics, la tentation est forte de ramener la radiologie à une prestation de service alors que c’est bien un acte médical ».
Mutualisation
En radiologie comme ailleurs, les innovations commencent souvent par coûter avant de porter leurs fruits, ce qui complique l'équation budgétaire. « Il y a un vrai problème de financement, explique le Dr Verzaux. L’État considère que l’innovation doit se financer par des économies réalisées ailleurs ». Depuis des années, la radiologie (comme la biologie médiale) subit des décotes tarifaires autoritaires au nom des gains de productivité. Mais les innovations permises par la radiologie dans les différentes spécialités médicales ne sont pas forcément prises en compte. « Le caractère structurant d’un scanner pour tout un établissement n'apparaît que quand on le supprime », analyse Laurent Verzaux.
A l'échelle des territoires, la mise en place des GHT inquiète la spécialité. De fait, l’imagerie sera concernée au premier chef par la mise en commun des équipements – et donc des plateaux techniques – et par la mutualisation de l’expertise médicale grâce à l’interprétation à distance. « La profession doit se concerter pour que son avis soit pris en compte dans les GHT, insiste le Pr Marie-France Bellin. La place de l’imagerie doit être reconnue ». Ce combat est loin d'être gagné, craint le Pr Franck Boudghène, président du Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH). « Quand il y a une réorganisation dans un établissement, nous sommes les derniers concertés, regrette-t-il. Notre activité à l’hôpital n’est pas prise en compte à son vrai niveau ».
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