« Nous ne sélectionnons pas les patients ! », s’est défendu ce vendredi Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) dont les Rencontres se sont déroulées à Bordeaux les 21 et 22 septembre. Celui-ci répondait aux critiques d’un rapport sur l’état des services publics, publié par le collectif « Nos services publics », la semaine dernière. Ce rapport évoquait « un espace grandissant pour une offre privée, désocialisée, de prise en charge des besoins ». Le collectif à l'initiative de cet opus affirme que « les cliniques se concentrent sur les actes très rentables et laissent à l’hôpital public les soins les plus lourds ».
Une analyse réfutée par le président de la FHP. Ce dernier entend « tordre le cou à cette idée que les cliniques privées ne prennent en charge que des pathologies bénignes ». Selon lui, la sélection des patients s’opère uniquement en raison de la « spécialisation » de certains établissements privés. Mais, avance-t-il, « la plupart de cliniques proposent toutes les activités : digestives, urologiques, orthopédiques », énumère encore Lamine Gharbi. Quant aux cliniques MCO, « elles ont toutes un service des urgences et un accueil non programmé », avance-t-il.
Prise en charge des maladies chroniques
Le président de la FHP fait valoir que les services d'urgences du privé prennent en charge trois millions de patients chaque année. En chirurgie, le secteur privé représente par ailleurs près de 55 % de l’activité sur l’ensemble du territoire et concentre 63 % de la chirurgie ambulatoire.
L’hospitalisation privée joue également un « rôle majeur » dans la prise en charge des maladies chroniques, notamment l’insuffisance rénale avec 36 % des prises en charge, insiste la FHP. Et le secteur apporte « une forte contribution » à la prise en charge du cancer avec près de 40 % des chirurgies, 25 % de la chimiothérapie et plus de 50 % de la radiothérapie, estime encore la FHP qui développe son activité en SMR et en psychiatrie.
PLFSS : équité et soutien
Sur le plan financier cette fois, l'urgence est de plaider auprès du ministère de la Santé pour l'équité avec le secteur public. La FHP a ainsi demandé à Aurélien Rousseau un « traitement équitable des acteurs » – qu'il s'agisse de l'accompagnement des réformes du financement, de la compensation des surcoûts de l'inflation et des revalorisations des personnels. « Exclure le secteur privé de mesures salariales réservées au public dans un contexte de pénurie de professionnels de santé et d’inflation menace l’offre de soins privée », met en garde Lamine Gharbi. Celui-ci a notamment fait référence à la transposition des revalorisation des sujétions (travail de nuit, week-end et jours fériés) des professionnels de santé annoncée par le gouvernement.
Quant à la rémunération des salariés des établissements privés, elle est en moyenne inférieure de 9,4 % à celle des salariés du public, déplore la fédération. D'où sa requête que les mesures salariales dans la fonction publique (de juillet 2023) soient transposées aux établissements privés. Le besoin de financement s’élève à 147 millions pour 2023 et à 269 millions pour 2024, calcule la FHP.
Un tiers des cliniques dans le rouge
Le lobby des cliniques estime par ailleurs que l’inflation a été fortement sous-évaluée dans la construction des lois de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2022 et 2023. Elle demande pour le secteur privé une révision de l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam) 2023 à hauteur de 440 millions.
La situation est grave, selon la FHP, qui rappelle qu’un tiers des établissements privés sont dans le rouge. Sans mesures d’urgence, « 50 % seront déficitaires au début de l’année prochaine », alerte Lamine Gharbi, redoutant une inflation de « 8 à 10 % » cette année. Il pointe aussi « l’augmentation du coût de la masse salariale », en raison notamment de l’accord de branche sur les rémunérations et les carrières signé en mars dernier.
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