De notre correspondant à Montpellier
Depuis un peu plus d’un an, le CHU de Montpellier (2 800 lits, 12 000 salariés) a déployé un système d’information commun à l’ensemble de ses sites.
Désormais, le patient dispose d’un dossier médical unique accessible et partagé par l’ensemble des prescripteurs et personnels soignants, avec un accès restreint en fonction des responsabilités de chacun. Prise de sang, radio, prescriptions pharmaceutiques, résultats biologiques, observations médicales, et dossier social... toutes ces données sont consultables en temps réel sur ce même dossier.
Jusqu’au début 2013, chaque service disposait d’un dossier papier, rendant impossible le croisement des données. « L’installation de ce nouveau système a changé la pratique médicale, affirme sans détour le Dr David Morquin, président de la délégation informatique hospitalière du CHU et l’un des principaux porteurs du projet. Les échanges renforcent la précision des prescriptions. 95 % des données (analyses sanguines, prescriptions, durée d’hospitalisation, etc.) sont automatiquement versées au dossier patient. Seules les conclusions sont personnalisées, ce qui représente un gain de temps et d’efficacité énorme. »
Tous les praticiens ne sont pas aussi enthousiastes. « Ca a beaucoup patiné au début, critique un endocrinologue. On ne nous a pas donné de suite les clés du logiciel… Maintenant, c’est une évidence, mais le rodage a été long. »
Coordinateur de la gestion des risques associés aux soins dans le CHU, le Pr Bertrand Millat (chirurgien digestif) recadre : « Cette évolution incontournable nous rappelle à la rigueur de la prescription, sur les doses et la durée… et nous a mis sous le nez le fait qu’il y avait une validation pharmaceutique de la prescription. »
Retour sur investissement
Dans un CHU éclaté sur plusieurs sites dans Montpellier, un dossier patient informatisé unique présente bien des avantages. Il pourrait à l’avenir être étendu aux médecins de ville… si les conditions de formations à l’outil informatique sont remplies.
Le corps médical montpelliérain se forme par le biais de sessions en e-learning. Les médecins prescripteurs sont au nombre de 1 400 dont 700 internes qui changent régulièrement de service. « Les logiciels de prescription renforcent la précision, mais à l’opposé, on déplace le curseur de vigilance. Avec 300 personnes dans un amphi, on se rend compte que l’information n’est pas retenue ce qui entraîne un retard de prise en main du système », affirme le Dr Morquin.
La session de e-learning, découpée en plusieurs modules, dure 88 minutes et peut être réalisée à domicile, au rythme choisi le médecin ou l’interne. Seuls les soignants ayant validé ces sessions peuvent prescrire. « Nous pouvons vérifier si l’interne a bien regardé les modules et s’il a validé ses connaissances par le biais d’un test. L’interne doit obligatoirement obtenir plus de 7/10 pour valider ses connaissances. »
D’un point de vue économique, instaurer pareil système d’information va permettre au CHU de Montpellier d’obtenir un retour sur investissement estimé à 30 millions d’euros sur dix ans de contrat.
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