LES INFECTIONS nosocomiales ont tué en 2010 à peu près autant que la route : environ 4 000 personnes. Le sujet, longtemps méconnu du grand public, est devenu priorité nationale depuis plusieurs années. D’importants progrès ont été faits, la présidente du LIEN (l’association d’information et d’aide aux victimes d’infections nosocomiales) n’en disconvient pas. « Les indicateurs de qualité sont un levier extraordinaire car ils obligent les établissements à faire des efforts », dit Claude Rambaud. Le dispositif a cependant ses limites. Qu’adviendra-t-il le jour où tous les hôpitaux et cliniques seront en catégorie A ? « Les infections nosocomiales n’auront pas disparu pour autant. Il faudra trouver autre chose », anticipe Claude Rambaud.
Les cabinets de ville, c’est une autre ombre au tableau, échappent à tout contrôle. Les patients s’en inquiètent. « Il n’y a toujours rien de fait pour lutter contre les infections liées aux soins, reprend la présidente du LIEN. Il faut inciter les professionnels à se laver les mains et à utiliser du matériel à usage unique. Un ORL peut transmettre une otite avec un otoscope. Un gynécologue peut transmettre une infection avec un spéculum. On a perdu le combat pour la décontamination de la sonde d’échographie vaginale. Il existe un manque de conscience du risque infectieux en médecine de ville ». Les états généraux entendent mettre les pieds dans le plat, et aiguillonner les pouvoirs publics sur le sujet. « La direction générale de la santé traîne, la circulaire n’est toujours pas mise en place », regrette ainsi Claude Rambaud.
Le Mediator fait actuellement la Une des journaux. Le risque médicamenteux ne doit pas éclipser le risque infectieux, met en garde le LIEN, d’autant que le risque infectieux, lui, est transmissible - aux soignants, aux visiteurs, aux autres patients... Le LIEN s’inquiète également du fait que le CLIN, le comité de lutte contre les infections nosocomiales, n’est pas plus obligatoire dans les établissements de santé depuis la loi HPST. « Le décret du 12 novembre 2010 relatif à la lutte contre les événements indésirables ne parle plus du CLIN, déplore Claude Rambaud. Certains établissements ont fait le choix de ne plus avoir de CLIN. C’est dommage, car quand un président de CLIN parlait à un directeur d’hôpital, il avait du poids. La lutte contre les infections nosocomiales est maintenant à la discrétion des CME ».
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