Que dire de son travail sur Internet ? Rien, ou le strict minimum, conseille la MACSF, premier assureur de professionnels de santé en France. Les dérives sont de plus en plus fréquentes, surtout chez les jeunes, et la sanction tombe parfois – y compris au pénal.
Trois instituts de formation en soins infirmiers ont mis fin aux études d’un élève ayant dénigré l’encadrement d’un stage sur Facebook. Le cas se présentera tôt ou tard en faculté de médecine, pronostique Germain Decroix, juriste à la MACSF.
La mode du « selfie » (l’autoportrait diffusé via smartphone), n’a également pas sa place à l’hôpital. Dernièrement, un interne en réanimation a posté une photo de lui avec un patient âgé en arrière-plan. Son commentaire évoquait une journée calme, sans incident. Photo repérée sur Facebook par le petit-fils du patient, rupture du secret professionnel : sonné par son erreur, l’interne a interrompu son stage.
Ne pas utiliser Facebook pour communiquer
Trop peu sensibilisés aux dangers d’Internet durant leur formation, les étudiants ne sont pas seuls à déraper. En divers endroits, des cadres de santé, considérant le mail dépassé, ont créé une page Facebook pour parler aux agents – des changements de planning par exemple. Le juriste de la MACSF met en garde les cadres, chefs de pôle et chefs de service : « Imaginons qu’une personne déviante repère l’agenda d’une infirmière et l’attende à 22 heures sur le parking. Les réseaux sociaux ne sont en aucun cas un moyen de communiquer entre professionnels ».
Yves Cottret, délégué général de la fondation MACSF, résume le propos : « Ce qui se dit, ce qui se fait à l’hôpital, n’a pas sa place sur Internet, car on a vite fait d’enfreindre le secret professionnel et de négliger l’obligation de réserve ».
Face à la rumeur, réagir, et même anticiper
C’est l’autre conseil martelé par la MACSF dans son guide de bonnes pratiques : surtout, ne pas ignorer la rumeur lancée sur Internet, le « bad buzz » qui peut ternir durablement une réputation. La MACSF recommande à chaque hôpital de surveiller de près blogs, forums, et twittosphère, pour savoir ce qui se dit. Ce peut être : « Les infirmières de l’hôpital XX sont toujours très pressées, on ne comprend jamais rien à leurs explications ». Ou bien, plus féroce : « Fuyez cet hôpital et surtout le Dr untel qui a raté mon intervention ». « Aucun hôpital n’échappe au phénomène, note Yves Cottret. Récemment je discutais avec un hôpital qui ne voulait pas ouvrir de page Facebook. Il était persuadé de ne pas être sur Internet. Une rapide recherche a montré l’existence d’au moins 10 bad buzz! ».
L’image fait aussi des ravages. La scène tournée par un patient montrant une infirmière ne s’étant pas lavée les mains entre deux patients a été vue et revue sur Youtube des milliers de fois. Le nom de l’hôpital était cité.
Dans tous les cas de figure, l’assureur prône une riposte ajustée et rapide, en évitant la posture trop défensive (du type « Nous n’acceptons pas cette critique »). Face à la mauvaise foi, ajoute l’assureur, « le silence peut parfois être préférable ». La MACSF rappelle en outre qu’il est possible de faire appel à la loi pour demander la suppression d’un message dénigrant, ou pour faire condamner son auteur.
* Le guide de bonnes pratiques face à la rumeur, réalisé par la fondation MACSF et présenté aux salons de la santé et l’autonomie, sera diffusé aux établissements de santé qui en feront la demande. Il complète un premier guide paru en 2013 sur le bon usage des réseaux sociaux par les professionnels de santé (voir « le Quotidien » du 16 mai 2013).
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