LA RENCONTRE se déroule dans le 8e arrondissement parisien, ce lundi matin. Le Pr Pierre Coriat a délaissé ses salles de réveil, à la Pitié Salpêtrière, le temps d’un petit-déjeuner avec la presse. L’occasion de présenter sa vision d’avenir pour l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Le premier CHU de France, qui engloutit chaque année 6,4 milliards d’euros, est à « un tournant ». Sans « restructurations », la casse, dit-il, sera inévitable.
Le président de la CME (Commission médicale d’établissement) de l’AP-HP se défend d’être en campagne. Il ne confirmera pas les rumeurs qui le disent candidat à sa propre succession. Les élections à la CME auront lieu en novembre prochain, mais l’urgence du moment, c’est l’EPRD 2011. Le budget se présente mal. « Je n’arrive pas à savoir combien de postes soignants seront supprimés », déplore le Pr Coriat. L’anesthésiste veut éviter les erreurs du passé. « Une mauvaise méthode a été employée, qui consiste à faire du personnel la variable d’ajustement budgétaire ». À l’ancien directeur général, Benoît Leclercq, il ne jettera pas la pierre. À la nouvelle arrivée, Mireille Faugère, il ne dressera pas de procès d’intention. « C’est une femme d’écoute ». La balle, résume-t-il, est dans le camp des médecins. À charge pour eux d’accepter les restructurations qui s’imposent afin d’assurer la survie de l’institution.
Pierre Coriat fait aussi son autocritique. La CME n’est pas toujours parvenue à accorder ses violons, notamment sur Trousseau, le dossier le plus emblématique. « Un échec », glisse-t-il. Aujourd’hui, la communauté médicale de l’AP-HP est « ressoudée ». Prête à aller de l’avant. Prête à suivre le Pr Coriat sur le chemin des restructurations ? Du moins l’espère-t-il. « Il n’y a pas d’alternative. Il faut passer d’un patriotisme de site à un patriotisme AP-HP ».
Voilure réduite.
Un CHU éclaté sur 37 sites, c’est « une faiblesse ». En clair, certains hôpitaux devront réduire la voilure. Et vite. Pierre Coriat donne des exemples. Cinq centres d’excellence en neurosciences à l’AP-HP, dit-il, c’est trop : il n’en faut que « trois ou quatre ». La chirurgie cardiaque d’Henri Mondor est dans le viseur de l’ARS d’Ile-de-France. La CME de l’AP-HP a demandé un an de réflexion, sans succès. Le Pr Coriat vient d’ouvrir un groupe de travail, il veut une solution rapide. Plus consensuelle, la fermeture de l’Hôtel-Dieu est qualifiée de « dossier mûr », de même que le renforcement de la cancérologie à Bicêtre, compensé, à Ambroise Paré, par la création d’un pôle nutrition. Restent les dossiers délicats. Trousseau. « Il faut rouvrir le dossier et proposer des solutions », glisse Pierre Coriat. Qui promet, s’il se représente à la présidence de la CME, de ne pas changer de discours : « Si je suis candidat, ce sera sur un programme clair, basé sur des restructurations acceptées par tous. J’aurai un langage franc. Si cela n’est pas soutenu, je rentrerai dans mon service ». La preuve qu’il y pense quand même un peu.
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