Un décès toutes les sept minutes, 70 000 morts par an et 1,5 million de personnes touchées : l'insuffisance cardiaque est loin d'être anodine en France. Pourtant, le parcours de soins de ces patients est chaotique voire inexistant, déplorent les médecins du groupe d'insuffisance cardiaque et cardiomyopathies (GICC), émanation de la Société française de cardiologie.
Pour preuve, ces données récoltées via deux études sur l'insuffisance cardiaque : un quart des patients sont réhospitalisés dans les trois mois après leur sortie ; un tiers des patients hospitalisés présente des symptômes d'insuffisance cardiaque (essoufflement, prise de poids, œdèmes, fatigue) depuis plusieurs mois déjà ; et 43 % des patients ont été hospitalisés après une entrée aux urgences. « On constate que si les gens connaissaient mieux les symptômes, le diagnostic serait posé plus tôt et on pourrait éviter un passage aux urgences », explique le Dr Florence Beauvais, secrétaire du groupe et cardiologue à l'hôpital Lariboisière (Assistance publique – hôpitaux de Paris).
Il faut donc une meilleure information des patients et soignants des signes de l'insuffisance cardiaque, estiment les spécialistes du cœur. Surtout, ils veulent développer la formation d'infirmier en insuffisance cardiaque. Ce paramédical spécialisé pourrait par exemple suivre les insuffisants cardiaques via des solutions de télémédecine ou des objets connectés (balance, tensiomètre). Un dossier a été envoyé à l'agence régionale de santé Île-de-France, qui devra ensuite obtenir l'autorisation de la Haute autorité de santé (HAS). Ce modèle – différent des nouveaux infirmiers en pratique avancée à bac +5 – existe déjà à l'hôpital Henri Mondor (Créteil, AP-HP), qui héberge le centre national de référence des amyloses cardiaques.
Élargir la filière de soins
En attendant, le GICC a mis en place son propre programme de formation continue (DPC) pour les infirmiers, dans toute la France, avec pour objectif de former 30 paramédicaux par région à l'insuffisance cardiaque. Ils viendront s'ajouter aux infirmiers PRADO (programme d'accompagnement de retour à domicile) déjà en exercice. « Il faut absolument des relais infirmiers à l'hôpital et dans le suivi en ville, car la filière de soins est débordée. Or d'ici à trois ans, il y aura peut-être deux millions d'insuffisants cardiaques ! », estime le Pr Thibaud Damy, président du GICC et médecin à Henri Mondor.
L'année prochaine, l'action de formation visera les médecins généralistes, les gériatres ainsi que les pharmaciens. « Il n'y a pas de solution unique, il faut regrouper tous les professionnels de santé autour de cette thématique, précise le Pr Damy. C'est un grand maillage territorial qui se fait par étapes. »
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