Un euro dépensé par les grands établissements de santé entraîne un gain (direct ou indirect) presque double (1,85 euro) pour l'économie locale. C'est le chiffre clé d'une étude menée par le Groupement de coopération sanitaire (GCS) Grand Est, présentée fin mai et diffusée par le site Réseau CHU.
Illustrant l'effet de levier puissant des CHU, ce résultat corrobore les conclusions d'une enquête similaire dévoilée en 2016 portant sur des établissements de l'ouest de la France. Il met en évidence l'influence économique et sociale des hôpitaux universitaires sur leur territoire d'implantation.
Sept établissements (5 CHU, 1 CHR et 1 CLCC), répartis entre les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, ont été passés au crible. Pour chacun, les données recueillies portent sur l'année 2016 et couvrent aussi bien les principaux postes de dépenses (masse salariale, commandes, etc.) que la fréquentation (passages aux urgences, interventions, repas, etc.). À partir de ces éléments, l'étude détermine trois types d'impact économique – du plus direct (salaires versés, achats et impôts locaux) au plus lointain (retombées progressives liées aux flux monétaires injectés dans l'économie locale), en passant par l'effet indirect (logement, hôtellerie, restauration de la part des patients et familles en visite ou des étudiants).
Premier employeur
Sans surprise, les établissements du GCS Grand Est sont les premiers employeurs du territoire avec 47 000 agents dont un quart de personnel médical. Plus de la moitié de leur budget de fonctionnement est consacrée à la masse salariale (2,2 milliards d'euros). Une manne pour la région puisque 91,5 % des personnels résident dans les départements d'implantation des établissements. Le constat est moins évident pour les achats et l'investissement des hôpitaux (23 % des dépenses bénéficient aux entreprises locales soit 220 millions d'euros). Si l'on ajoute les recettes des taxes et impôts locaux payés par les établissements, l'impact économique direct s'élève à 2,3 milliards d'euros.
Un deuxième niveau (moindre) de retombées mesure l'impact économique indirect (175 millions). Ce poste regroupe trois éléments : les frais d'hébergement et achats divers des patients et familles (qui résident hors des bassins d'attraction des hôpitaux étudiés), soit 80 euros par personne à chaque visite (106 millions) ; le budget des étudiants formés par les établissements (estimé à 8 000 euros par an, soit 26 millions) ; et les déplacements professionnels des personnels (environ 6 millions de km parcourus par les véhicules des établissements soit 43 millions).
L'effet d'entraînement double la mise
Reste que, avec un budget de fonctionnement annuel des établissements étudiés de 4 milliards d'euros, on est encore loin de l'équation économique gagnante en cumulant ces retombées directes et indirectes (2,45 milliards).
L'effet de levier des hôpitaux apparaît en y ajoutant l'impact « induit », estimé dans le Grand Est à près de cinq milliards d'euros supplémentaires (soit le doublement des effets directs et indirects). « Au regard des études semblables réalisées, des territoires, du contexte, ce coefficient multiplicateur est fixé à deux », justifie l'étude. Cette aubaine procède d'une « spirale vertueuse selon laquelle toute retombée économique est en partie génératrice de nouvelles retombées pour l'économie locale ». Une bonne nouvelle pour les CHU qui s'apprêtent à célébrer leur 60 ans.
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