Un amendement adopté par les députés prévoit l’expérimentation d’hôtels hospitaliers durant trois ans. Le but est de faire sortir plus rapidement les patients hospitalisés, « dans des conditions de proximité avec des professionnels et des lieux de soins ». Il s’agit aussi de faciliter « l’essor des pratiques ambulatoires ». Aux sénateurs, à présent, de se prononcer.
Le concept d’hôtel hospitalier, né aux États-Unis, a franchi l’Atlantique il y a des années. Des maisons d’accueil adossées à certains hôpitaux hébergent familles et patients. À Toulouse, les 36 chambres de la maison « le laurier rose » ont reçu 2 000 patients en 2013 après un acte de médecine ou de chirurgie ambulatoire. « Il peut aussi s’agir de femmes à la fin de grossesse difficile. La maternité est à 50 mètres », explique le Pr Jean-Paul Esquerré, président de l’association « le laurier rose ». Il n’y a ni médecin, ni infirmier sur place, et donc pas de surveillance. « Plutôt que de renvoyer les gens dans l’Ariège entre deux examens, ils dorment ici. C’est une bonne façon de libérer des chambres pour les soins », détaille le Pr Esquerré.
À l’hôtel après l’ablation d’un sein, pour 105 euros la nuit
À Paris, l’Hospitel, au dernier étage de l’Hôtel-Dieu, a tenté de mélanger touristes et patients. Entre 2009 et 2011, 78 malades y ont séjourné après une intervention lourde. Aucune complication n’a été constatée. Le promoteur d’Hospitel, Jean-Pierre Béthoux, assure que l’hôtel diminue le risque nosocomial. Mais l’expérience a laissé perplexe une réalisatrice, qui, en 2010, a raconté sur « rue 89 » avoir dormi à Hospitel après l’ablation d’un sein, le numéro du médecin de garde dans sa poche, « au cas où ». Il lui en avait coûté, outre l’appréhension de ne pas être dans un service classique, 105 euros la nuit.
Autre exemple : l’institut Gustave Roussy a signé une convention avec deux hôtels pour des patients recevant des soins de jour, ce qui lui permet de libérer des lits. Le tarif facturé aux mutuelles est celui d’une chambre particulière à l’hôpital (53 euros).
L’assurance-maladie va-t-elle payer des nuits d’hôtel ?
Aile privatisée d’un hôpital, hôtel sous convention, maison d’accueil... : le PLFSS ne définit pas le concept. Le texte prévoit, à titre expérimental, de financer les hôtels hospitaliers via l’assurance-maladie et les fonds d’intervention régionaux. À 50 ou 100 euros la nuitée, contre 1 000 ou 1 500 euros la journée d’hospitalisation, le gisement d’économie est a priori prometteur.
Mais les médecins ne sont pas tous convaincus par le concept. La présidente de l’association française de chirurgie ambulatoire y est même franchement opposée. « Le danger, expose le Pr Corinne Vons, c’est que des chirurgiens qui hésitent à faire partir des patients les gardent au cas où. L’hôtel les rassurera faussement, car ils n’auront pas évalué les risques dans le détail. Or la chirurgie ambulatoire repose sur la gestion des risques. Cette mesure à visée économique risque de briser l’élan ambulatoire ».
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