Le premier sujet de préoccupation du CNCH, clairement évoqué dans son Livre Blanc paru en 2012, concerne la démographie médicale. « Dans les cinq prochaines années, le nombre de cardiologues va baisser d’environ 15 %. Actuellement, 25 % des cardiologues qui s’inscrivent à l’Ordre sont des médecins à diplôme hors Union Européenne. Certains sont d’excellents professionnels mais globalement, le niveau est assez variable », explique le Dr Cattan, en soulignant que cette situation suscite des tensions au niveau de la permanence des soins. « Certains établissements ont de plus en plus de mal à remplir les tableaux de gardes et d’astreinte ».
Un autre élément doit être pris en compte : l’importante spécialisation de la cardiologie au cours des dernières années. « Il y a aujourd’hui une forte valence technique dans notre spécialité avec le développement de la cardiologie et la rythmologie interventionnelle…Et parfois, en particulier dans les centres hospitaliers, on a de plus en plus de mal à trouver des cardiologues qui « poussent le chariot », c’est-à-dire qui prennent en charge les patients sur le plan clinique », déplore le Dr Cattan.
Problèmes d’organisation
La situation actuelle pourrait encore s’aggraver avec la mise en œuvre d’une circulaire ministérielle adressée en avril aux hôpitaux sur le repos de sécurité. « Ce texte affiche des objectifs, concernant la sécurité, qui sont tout à fait louables. Mais il risque de créer de problèmes d’organisation dans l’activité cardiologique programmée de nombreux établissements. Cette circulaire prévoit en effet qu’un praticien, qui est amené à se déplacer pour une intervention alors qu’il est d’astreinte, doit ensuite observer un repos de sécurité de 11 heures », explique le Dr Cattan.
Le président du CNCH évoque un autre problème, déjà largement dénoncé dans le Livre Blanc de 2012 : la sous-valorisation tarifaire de la cardiologie dans les hôpitaux publics. « Notre spécialité a des tarifs de GHS (Groupe homogène de séjour) plus faible dans le public que dans le libéral.
À titre d’exemple, le GHS endoprothèse vasculaire sans un infarctus du myocarde de niveau 1 a un tarif de
2543,61euros à l hôpital public contre 3 845, 66 euros en clinique privée soit un écart tarifaire de 51 % en faveur des cliniques, le GHS endoprothèse vasculaire avec infarctus du myocarde de niveau 1 a un tarif de 2 703,00 euros à l’hôpital public contre 4 367,56 euros en clinique privée soit un écart tarifaire de 62 % en faveur des cliniques, ce qui à l’heure de la T2A et des contraintes budgétaires à hôpital public pose d’ énormes problèmes vis à vis de nos directeurs d’ hôpitaux. » (*)
D’après un entretien avec le Dr Simon Cattan, président du CNCH
(*) Le livre blanc du CNCH Aspects médico-économiques. Page 39-50
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique