Sept patients Covid, tous « relativement jeunes », « tous non vaccinés » : dans le service de réa de l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart en région parisienne (Hauts-de-Seine) la situation est complexe mais « à peu près contrôlée ». Reste à savoir si la vague Omicron rimera avec « catastrophe ou pas ».
Derrière une porte estampillée « Covid + », un homme de 56 ans est allongé, dos à la fenêtre. Souffrant d'une hépatopathie chronique liée à l'alcool et « malheureusement pas vacciné », le patient est en réanimation à Clamart depuis 3 semaines. Il est encore intubé mais « les choses vont mieux ».
Une vague Delta à peu près contrôlée
À l'approche des fêtes, le service de réanimation polyvalente et l'unité de surveillance continue de cet hôpital de l'AP-HP dispose de 23 lits armés mais seul 16 sont ouverts, faute de personnel. Un chiffre difficile à maintenir surtout pendant les fêtes.
« C'est toujours un peu ric-rac », admet le Dr Charles Damoisel ajoutant que « ça fait deux ans que ça tourne à fond ». Mais « la vague Delta est à peu près contrôlée même si la situation est complexe », juge ce chef de service.
En revanche, une autre vague se profile déjà, sans que l'on sache « si cela va vraiment être la catastrophe ou pas ». « Ce que tout le monde craint, c'est que les deux vagues se chevauchent ». Le service se prépare donc à monter à 23 lits. Et si finalement « nous nous sommes embêtés pour rien, on sera les plus heureux du monde ! ».
Risque d'épuisement
« Allez ! On est partis ! » : prise de température, contrôle de la glycémie, réapprovisionnement des perfs, vidange de la poche d'urine, lavage de dents… les soignants, surblouses bleues, charlottes et masques « pour rester en bonne santé », se dispatchent dans les chambres. Certains ont épinglé sur leurs blouses un badge les représentant, tout sourire et surtout : sans masque. « C'est plus sympa », reconnaît une jeune interne arrivée cette semaine dans le service. Notamment pour les patients.
Une dialyse bipe dans une chambre. D'une autre, s'échappe un chant de Noël. Quelques guirlandes ornent le plafond du service. « C'est pas les fêtes que nous espérions », avoue Émilie Mary, infirmière depuis 8 ans en réa pour qui la 6e vague risque de rimer avec « difficultés » et « épuisement ».
Mais « évidemment, on sera là pour soigner les gens, quel que soit le nombre de vagues qu'il y aura », ajoute la trentenaire qui a déjà renoncé à deux jours de vacances. Pour l'instant, celles de sa collègue Shanon Poly sont épargnées mais « on sait très bien que s’il y a besoin, il va falloir qu'on vienne ». « Et déprogrammer certains patients, diminuer le soin des non-Covid. Avec tous les problèmes éthiques qui en découlent », ajoute le Dr Charles Damoisel.
« On peut être agacés mais on fera quand même le job »
Dans une chambre au bout du couloir, un sexagénaire intubé, est plongé en coma artificiel. Sans comorbidité et farouchement opposé à la vaccination, il souffre d'une pneumopathie Covid et « va très mal ». « C'est épuisant psychologiquement de se battre pour tenter de soigner des gens qui prennent des lits de réanimation alors que ça pourrait être évité », admet Shanon Poly. D'autant plus que souvent, « ils sont également un peu dans le refus de soins ».
« Il faut encore plus de patience, leur expliquer que c'est grave et que, effectivement, ils ont le Covid. Ils n'y croient pas vraiment au début et c'est une fois qu'ils sont en grande détresse respiratoire qu'en général, ils comprennent et disent qu'ils auraient bien voulu se faire vacciner » , ajoute-t-elle. Sans parler des patients « qui m'ont dit qu'ils s'étaient fait vacciner et dont la sérologie est négative ».
« Certes, on peut être agacés mais on fera quand même le job. On traitera toujours les gens quoi qu'il arrive, quoi qu'ils aient fait. C'est notre ADN », assure Charles Damoisel.
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