Élections URPS pharmaciens, la prime au contestataire

Publié le 17/12/2015
Les pharmaciens ont le blues. Et l’ont exprimé lors de leur scrutin professionnel. La Fédération (FSPF) reste le premier syndicat majoritaire, mais perd du terrain. L’Uspo prend la deuxième place, mais augmente sa représentativité. Quant à l’UNPF, son score est insuffisant pour rester à la table des négociateurs. Analyse.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les pharmaciens expriment leur malaise et leur inquiétude. En témoigne leur vote lors du scrutin des URPS (Unions régionales de professions de santé). La FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) a perdu 10,39 points, mais reste largement majoritaire avec 48,8 % des voix et rafle 12 URPS sur 17 pour un mandat de cinq ans. L’Uspo, qui est une scission de la fédération, obtient 42,6 % des voix et fait un bond de 13,51 % des points. L’UNPF est le grand perdant avec 3,12 points de moins par rapport à l’élection précédente, ce qui la fait sortir des URPS (Il faut obtenir au moins 10 % des voix pour être représenté.). L’objectif de ces élections est de mesurer l’audience des syndicats en vue d’une prochaine enquête de représentativité qui démarrera en 2016. A terme, les syndicats représentatifs participeront à la table des négociations en vue de la convention de 2017.

Quelle analyse tirer des résultats ? L’UNPF qui représente les grandes pharmacies au terme d’une grande enquête auprès de leurs adhérents a réalisé un livre blanc qui leur a servi de programme électoral. La vision politique de ce syndicat est beaucoup plus libérale que les autres. Une de leurs propositions a été d’ouvrir le capital des officines à tous les pharmaciens qui ont un diplôme et étant inscrits à l’ordre. Le but final aurait été d’ouvrir les pharmaciens aux pharmaciens répartiteurs, et plus seulement aux titulaires exerçant en pharmacie. Cette mesure a sans doute effrayé les électeurs.

L’honoraire a été l’autre cheval de bataille qui a été au cœur de la campagne électorale. Il a représenté un point de désaccord important entre les deux syndicats majoritaires, FSPF et Uspo. Rappelons que cette mesure est entrée en vigueur le 1er janvier 2015. Cela consiste en un versement de 0,80 euro perçu par les pharmaciens pour chaque boîte vendue. La marge commerciale demeure, mais le prix final du médicament reste inchangé. Cet honoraire permet de compenser les baisses de prix imposé par l’Etat, ce qui permet à l’assurance maladie de rembourser moins, celle-ci se basant sur le prix du médicament pour fixer le taux de remboursement.

FSPF, seul syndicat à avoir signé l’honoraire

L’Uspo (ainsi que l’UNPF) n’avait pas voulu signer l’avenant pour l’honoraire. Seule la FSPF (Philippe Gaertner) y est favorable. Leur argumentation est fondée sur le fait que les prix des médicaments baissent beaucoup (et donc les marges des pharmaciens aussi). L’honoraire permet selon la fédération de récupérer de la marge. Dans la confrontation avec la réalité, le principal problème est que l’honoraire ne compense pas complètement les pertes financières, puisque les simulations qui avaient été effectuées pour mettre en place ce système n’avaient pas prévu autant de baisses de prix. La FSPF explique donc que les pharmaciens perdent beaucoup moins que si l’honoraire n’avait pas été mis en place. Quant à l’Uspo, ses représentants (Gilles Bonnefond) expliquent avoir été au courant des baisses de prix et donc d’un système qui à terme leur ferait perdre de l’argent. Ce dernier aurait souhaité des honoraires à l’ordonnance.

Résultats, les pharmaciens ont plutôt accordé leurs votes au syndicat Uspo parce qu’ils voient leur marge, et donc leur chiffre d’affaires continuer de diminuer. En 2017, l’UNPF sort du champ conventionnel et n’aura plus voix au chapitre. La vision du syndicat favorable aux grandes pharmacies disparaît. Et seuls les deux syndicats issus à peu près d’un même courant de pensée seront à la table des négociations avec l’assurance maladie pour la convention.


Source : lequotidiendumedecin.fr