Suites de la pandémie

Les hôpitaux publics (FHF) refusent d'être les dindons de la crise sanitaire

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Publié le 09/09/2021
Frédéric Valletoux, président de la FHF (sans masque)

Frédéric Valletoux, président de la FHF (sans masque)
Crédit photo : S. Toubon

« L'impact financier de la pandémie au niveau de l'hôpital public sera fort. Cela nécessitera un accompagnement du gouvernement », plaide Frédéric Valletoux, le président de la FHF lors de la conférence de presse de rentrée du 7 septembre. En effet, l'hôpital sera pénalisé à plusieurs niveaux. Côté masse salariale d'abord : alors que plus de 80 % des patients Covid pris en charge le sont à l'hôpital en 2020 comme au premier semestre 2021, 70 % des soignants envoyés en outre-mer proviennent du public. Le président met aussi en exergue l'ampleur des déprogrammations en 2021 (203 millions de séjours en moins versus 2019). Pire encore, il existe un effet d'aubaine à la crise qui favorise les cliniques privées et les Espic au détriment de l'hôpital public. En témoignent les activités de médecine au premier semestre 2021 (versus premier semestre 2019) : alors que l'activité totale baisse de 5 580 à 5 480 milliers de séjours (-2 %), elle diminue en effet dans le public (-4 %, 3 690 à 3 530), mais augmente dans les Espic (+7 %, 419 à 446) et dans les cliniques (+3 %, 1 490 à 1 500).

Ce scénario en 2021 est bien différent de celui que vient d'évoquer la Drees dans sa dernière note sur la baisse en 2020 du nombre de séjours hospitaliers hors Covid qui a touché tous les secteurs. Pour la première vague, elle a été de 13,9% dans les hôpitaux publics, de 13,4% dans les cliniques privées et de 9,9 % dans les Espic. Pour la deuxième vague, le recul a été moins important, mais plus important dans le public (-15,3%) que dans le privé lucratif (-7,6%) ou non lucratif (-5,4%).

Une restitution intégrale de la sous-exécution de l'Ondam

Pour ne pas entraver encore plus les budgets des hôpitaux, la FHF réclame au gouvernement qu'il n'y ait pas non plus de régulation de l'Ondam. « Cette sous-exécution du secteur public ne doit pas être soustraite aux budgets des hôpitaux, mais devra être rendue intégralement aux établissements », assène Frédéric Valletoux. D'autant que les établissements publics toujours très sollicités par la gestion de la pandémie auront énormément de mal à rattraper les pertes du premier semestre. Pire, en 2021, dans la sous-exécution, il y a un solde des mesures de financement des mesures Ségur RH. La FHF le rappelle clairement. Cette restitution doit être intégrale et pas nette comme en 2020, où le dépassement des cliniques avait été neutralisé par la sous-exécution du secteur public. L'hôpital refuse la triple peine, à savoir être le plus impacté par la crise sanitaire, ne bénéficier que d'une restitution amputée de la sous-exécution et accéder à un moindre financement des mesures Ségur. Enfin, il faudra que l'exécutif veille bien à rectifier l'Ondam à l'occasion du PLFSS 2022 pour que soit bien prise en compte l'avance de 900 millions à un milliard d'euros octroyée aux hôpitaux pour couvrir les surcoûts du premier quadrimestre liés à la crise (tests Covid notamment).

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr