Après les praticiens hospitaliers, c’est au tour des directeurs et directrices d’établissements de passer sous le scanner « anti-inégalités » du Centre national de gestion (CNG), de plus en plus impliqué sur les sujets relatifs à l’accès aux responsabilités, aux discriminations et aux violences sexistes et sexuelles (VSS) à l’hôpital public.
Une enquête du CNG dévoilée mardi 3 septembre apporte des éléments de réponse sur le ressenti de 1 171 directeurs – femmes et hommes – soit un gros quart (27 %) de la profession interrogée lors du premier semestre de 2023. Parmi l’ensemble des répondants, 59 % des directeurs sont soit intéressés par une chefferie ou un emploi supérieur, soit y ont déjà accédé. Mais, première discrimination de genre, les hommes se déclarent nettement plus intéressés (69,5 %) que les femmes (52 %).
D’une manière générale, les hommes qui pilotent un établissement sanitaire, social et médico-social (statut de D3S) et les directeurs hospitaliers (DH) se sentent mieux préparés aux entretiens de recrutement que les femmes, souligne le CNG. Et dans leur exercice professionnel, les femmes (54 %) ont davantage l’impression que les hommes (47 %) de voir leurs capacités ou leurs compétences mises en doute.
Des discriminations selon l’âge, le sexe et les origines
Sur la nature des discriminations rencontrées à l’hôpital dans le contexte professionnel, les directeurs se disent victimes d’abord de différence de traitements selon leur âge (pour 31 % d’entre eux), puis selon leur sexe ou leur identité de genre (28 %) avec ici un écart considérable : c’est le cas de 42 % des femmes mais de 7 % des hommes « seulement ». Suivent les discriminations liées aux origines réelles ou supposées pour 11 %. « D’une manière générale, pour la plupart des discriminations, les femmes s’estiment soit davantage victimes de discrimination que les hommes, soit moins certaines que les hommes de ne pas en être victimes », analyse le CNG.
L’organisme s’est également penché sur les violences sexistes et sexuelles en établissement sur les trois dernières années. Plus de quatre directeurs sur dix (43 %) en ont été témoins ou victimes au moins une fois. Concernant plus spécifiquement les victimes, 29 % des sondés disent avoir subi au moins une violence de ce type, « avec des écarts extrêmement importants », déplore le CNG : 42 % des femmes (303) contre 9 % des hommes (40).
Une procédure de signalement méconnue
En tout, 900 phénomènes de violences ont été comptabilisés sur trois ans. Ils sont le fait d’un ou plusieurs hommes dans trois quarts des cas. La moitié concerne des remarques déplacées. Dans 58 % des cas, l’auteur appartient à un cercle professionnel proche de la victime : un membre de la gouvernance (médicale et de direction à 22 %), un membre de l’équipe de direction (18 %) ou un supérieur hiérarchique (18 %).
Malgré les campagnes de communication et la libération de la parole, le signalement d’actes de violence est loin d’être systématique. Et lorsque la victime parle, elle n’a connaissance des suites données à son témoignage que dans 13 % des cas. Encore trop peu utilisée, le CNG rappelle l’existence de la procédure de signalement des difficultés d’exercice. Le formulaire est disponible sur son site.
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