La députée Monique Iborra (La République en Marche, Haute-Garonne) a présenté ce mercredi un état des lieux édifiant de la situation des EHPAD publics, ainsi qu'une série de propositions pour améliorer la prise en charge des personnes âgées dans ces établissements.
Rapporteure d'une mission parlementaire réclamée début août par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, Monique Iborra a audité une trentaine d'acteurs du secteur médicosocial.
Déficit de formation en gérontologie
Les personnes âgées ont en moyenne de 85 ans lorsqu'elles rentrent en EHPAD. Elles y restent en moyenne deux ans et demi. L'élue pointe des conditions de travail « difficiles » et des sous-effectifs récurrents en personnel, dont la charge de travail est alourdie par l'augmentation du niveau de dépendance des résidents. Le taux d'absentéisme en EHPAD est de 10 %. Les accidents de travail y sont deux fois supérieurs à la moyenne nationale, et même supérieurs à ceux du secteur du BTP. « Dans certains EHPAD, on parle de maltraitance institutionnelle », rappelle Monique Iborra.
Autre source d'inquiétude : la pénurie de médecins coordonnateurs, dont un tiers des établissements serait dépourvu (alors que leur présence est obligatoire depuis 2005). Le statut de ce professionnel est « peu clair, sa présence souvent à temps partiel », rappelle la rapporteure, ancienne sage-femme. Dans l'ensemble, les soignants en EHPAD, médecins généralistes inclus, souffrent d'un « déficit de formation initiale en gérontologie ». L'absence régulière d'infirmiers de nuit pose également question.
Le système de tarification largement décrié par la Fédération hospitalière de France (FHF) « est de type kafkaïen », admet par ailleurs Monique Iborra. Les familles des résidents, elles, font parfois face à des restes à charge « importants ».
Imposer un infirmier de nuit
Face à ce constat, Monique Iborra plaide pour une évaluation de la réforme du financement dans les EHPAD. Elle suggère au gouvernement « d'accepter, après vérifications, des amendements, modifications et ajustements du décret initial. »
La députée espère voir les emplois aidés dans les EHPAD, « souffrant déjà de sous-effectifs patents », « préservés en 2017 ». Elle interpelle le gouvernement sur la nécessité « d'imposer la présence d'un infirmier de nuit dans les EHPAD », en astreinte ou en poste. « Selon les chiffres de l'agence régionale de santé Ile-de-France, rappelle-t-elle, la présence nocturne par téléphone d'un infirmier pour trois EHPAD permet d'éviter quatre jours d'hospitalisation par résident et par an ». Elle suggère enfin au gouvernement de « réfléchir à une revalorisation du statut » des aides-soignantes.
Au-delà de ces propositions « à court terme », Monique Iborra espère pour l'avenir la création d'une nouvelle mission d'informations axée sur les conditions de travail et l'organisation des établissements et centrée sur des visites de terrain.
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