C'est à Poitiers qu'Agnès Buzyn et Frédérique Vidal sont venues écouter les doléances des six conférences de CHU, qui présentaient vendredi leur rapport sur le CHU de demain, dans le cadre des 16e assises nationales hospitalo-universitaires.
Pour l'occasion, Jean-Pierre Dewitte, président de la conférence des directeurs généraux de CHU (il sera remplacé par Catherine Geindre, directrice générale des Hospices Civils de Lyon, en janvier 2019), a réuni 200 personnes dans l'ambiance feutrée du palais des congrès du Futuroscope. « Je n'ai pas d'inquiétude pour l'avenir des CHU, a fait savoir Agnès Buzyn à l'assistance. Le modèle français du CHU est totalement d'actualité, il a une très forte valeur ajoutée et la seule question qui doit se poser est comment on augmente encore cette valeur ajoutée. »
Liens plus étroits avec l'Université
C'est dans cet état d'esprit que directeurs généraux, doyens de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire, présidents de CME et d'université ont élaboré une série de propositions en cinq grands axes « pour transformer les CHU ». Le déploiement de nouvelles « synergies avec l'université » en proposant au doyen un siège au directoire du CHU (et vice-versa) est l'une des propositions phare.
Une autre recommandation consiste à créer des « réseaux de CHU » – sur le modèle réclamé par la Cour des comptes – mais aussi « en redéfinissant la notion de recours », a indiqué le Pr François-René Pruvot, président de la conférence des présidents de CME de CHU.
Autre idée forte du secteur : la création d'une quatrième mission (dotée d'un financement distinctif) de « prévention et de promotion de la santé » en plus du soin, de la recherche et de l'enseignement. La ministre de la Santé s'y est montrée favorable.
Question financement encore, les CHU ont réclamé la « sanctuarisation d'une enveloppe dédiée à la recherche et à l'innovation » en dehors de l'ONDAM. Et ils souhaitent le financement intégral des « charges générées par la formation initiale et continue, ainsi que la permanence des soins des juniors et ce sur une enveloppe dédiée indépendante de la T2A ».
Praticiens téléportés
Le Pr François-René Pruvot, au nom des CME, a suggéré d'introduire « une nouvelle échelle de gradation des parcours de santé des patients » dans laquelle, entre les niveaux de proximité (le plus bas) et de complexité (le plus haut) se distingueraient deux types de recours. Un pour les pathologies prises en charge avec une équipe et un plateau technique simple, et un pour les pathologies plus complexes nécessitant un plateau technique de haut niveau. La ministre de la Santé a répondu par « l'agilité ». Pour elle, les missions ne doivent pas être réparties par établissement mais par bassin de vie. « Il n'est pas possible de penser un modèle unique du CHU qui serait le seul établissement de recours d'un territoire ».
Concernant l'exercice médical, Agnès Buzyn, consciente de la perte d'attractivité du statut, a ouvert la voie au principe de praticiens hospitalo-universitaires « téléportés », mobiles d'un établissement à un autre dans un même groupement hospitalier de territoire (ou réseau). Elle s'est montrée favorable à la « valorisation des activités transversales des médecins avec les autres établissements, au-delà du nombre de publications annuelles ».
Si les ministres ont salué le travail réalisé par les six conférences, elles n'ont pas pris d'engagement définitif. La concertation continuera. Des chantiers de réflexions « sur la base des propositions » du rapport sur les CHU seront ouverts en janvier.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique