« La santé pour tous, avec ou sans papiers », « Un budget de la Sécurité sociale pour sortir de la crise sanitaire et répondre aux besoins de la population », pouvait-on lire mardi sur des banderoles accrochées aux arbres, à proximité de l’esplanade des Invalides (Paris).
Deux mois après le lancement du Tour de France pour la santé qui entend dénoncer le « tour de vis budgétaire » du projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) 2024, plusieurs associations, syndicats, collectifs ou coordinations* avaient fait le déplacement pour délivrer un carton rouge au gouvernement, soutenues par une dizaine de députés – majoritairement de La France Insoumise (LFI) – alors que débutait en parallèle l'examen de ce PLFSS à l‘Assemblée.
Politique managériale
Isabelle Pugliese (CGT) a jugé que ce PLFSS « n’intègre aucun financement supplémentaire pour compenser l’inflation » et acte « un plan d’économies majeures ». Quant à l’Ondam hospitalier (+ 3,2 %), il est « très loin de répondre aux besoins minimums » et se traduira par « une accentuation de la politique managériale voire ultralibérale au sein des hôpitaux ». L’assistante médicale d’Armand Trousseau (AP-HP) reproche au gouvernement de « cibler uniquement des indicateurs économiques », comme les DMS (durée moyenne de séjours), le taux d'occupation des lits ou « le suivi des dépenses en personnel, en médicaments, en intérim ».
Quelques minutes plutôt, le Dr Christian Bensimon, généraliste bénévole à Médecins du monde, avait dénoncé un Ondam hospitalier « pas du tout à la hauteur des enjeux ». Dans un contexte où le système de santé « s’écroule », « ce sont les personnes le plus en difficulté qui vont être impactées », estime-t-il. Celui qui intervient régulièrement auprès des populations précaires considère que celles-ci ont « de plus en plus de mal à être orientées vers des structures de droit commun ».
Le CIH réclame des ratios
Présent lors du rassemblement, le Dr Olivier Milleron, porte-parole du collectif inter-hôpitaux (CIH), a milité pour un « changement de logique ». Le cardiologue de Bichat plaide pour la mise en place de ratios à l’hôpital, par exemple « un minimum d’infirmiers par patients ». Or, c’est l’inverse que le gouvernement propose, juge le Dr Milleron, puisque « c’est l’activité qui donne le budget et qui définit le nombre d’infirmiers que l’on peut mettre au lit des patients ».
Damien Maudet, député LFI de la Haute-Vienne, à l’origine d’une proposition de résolution visant à créer une commission d’enquête pour évaluer les pertes de chance dues aux fermetures de services d'urgences et au manque de personnel s'est lui aussi exprimé. Selon cet élu, Aurélien Rousseau parle de « budget d’après crise, de budget responsable, alors qu’il est au contraire complètement irresponsable ». Résultat : « Pour la première fois de l'histoire, le budget de la Sécu a été rejeté en commission », a relevé le député insoumis.
* Parmi ces associations et collectifs : Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Notre Santé en danger, Fédération des orthophonistes de France, FSU, Solidaires, Sud Santé Sociaux, Syndicat de la médecine générale (SMG), Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), Syndicat national des infirmier(e)s, Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres et techniciens, Union syndicale de la psychiatrie, Act Up Sud-Ouest, Association des médecins urgentistes de France (Amuf), ATTAC, collectif inter-hôpitaux, collectif inter-urgences, collectif des médecins généralistes pour l'accès aux soins, Collectif national du droit des femmes, Médecins du Monde, Médicament bien commun, Printemps de la psychiatrie, Stop précarité, etc.
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