Hôpitaux publics et privés ont fait éclater le front uni qu'ils tentaient de préserver avant les prochains arbitrages gouvernementaux des tarifs hospitaliers 2024, sur fond de pertes financières qui se creusent dans les établissements.
Jeudi 22 mars, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a dénoncé « l'argument insensé » des conférences des CHU (directeurs généraux, doyens des facultés de médecine, président des commissions médicales d’établissements) qui, la veille, avait demandé au gouvernement de réévaluer plus fortement les tarifs de l'hospitalisation publique que ceux de l'hospitalisation privée. « Cette demande est offensante au regard du rôle indispensable de l'hôpital privé dans la prise en charge des patients », a estimé la FHP.
Mission impossible
La grille des tarifs hospitaliers publics et privés pour 2024 aurait dû être publiée le 1er mars, mais les pouvoirs publics n’ont toujours pas rendu leurs arbitrages. L'exercice a tout de la mission impossible, alors que le gouvernement a fait voter une augmentation des dépenses de l'Assurance-maladie de 3,2 % (dans le dernier budget de la Sécu), largement insuffisante pour couvrir les hausses tarifaires d'environ 10 % dont les hôpitaux publics et privés estiment avoir besoin. « L'hospitalisation publique ne parvient pas à atteindre les objectifs de volumes d'activité prévus par le législateur, et à consommer l'intégralité des crédits votés », a expliqué la conférence des CHU mercredi. « Cette sous-exécution […] les prive de ressources qui leur seraient précieuses », et « profite de fait aux établissements de l'hospitalisation privée qui elle sur-exécute ses objectifs et récupère une grande partie de ces crédits », indiquait-elle.
« Nos coûts de production sont au-dessus de nos tarifs. Plus on travaille, plus nos marges se dégradent
Lamine Gharbi, président de la FHP
Mais la fédération de l'hospitalisation privée fait valoir qu'elle a besoin d'augmentation de tarifs, notamment pour financer les revalorisations salariales sur les gardes de nuit et week-ends initiée par le gouvernement, et un récent accord des partenaires sociaux sur les rémunérations. « Nos coûts de production sont au-dessus de nos tarifs. Plus on travaille, plus nos marges se dégradent », affirmait fin janvier Lamine Gharbi, président de la FHP.
Déficit pour tous
Tous les acteurs de l'hospitalisation, qu'ils soient publics ou privés, présentent en tout cas des situations financières dégradées à la fin 2023. Selon la FHP, 40 % de ses établissements sont en déficit, contre 24 % en 2021. Et selon les statistiques de la FHF, qui regroupe l'ensemble des hôpitaux publics, le déficit cumulé de ses établissements devrait atteindre 1,6 milliard d'euros en 2023, soit une hausse de 50 % en un an.
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