Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé lundi 6 avril que des tests de dépistage seront menés dans tous les EHPAD lorsqu'un résident est atteint du Covid-19, la crainte de voir émerger des foyers épidémiques dans ses établissements a convaincu le CHU de Toulouse de déployer avant l'heure un protocole de prise en charge dédié aux résidents de Haute-Garonne. Même si ce département n'est pas trop durement touché par le Covid-19 (17 décès enregistrés lundi 6 avril), cinq EHPAD ont tout de même été placés en surveillance renforcée après la contamination d'une poignée de résidents et de soignants.
17 soignants volants
Concrètement, les gériatres du CHU de Toulouse ont mis place en place une équipe mobile de dépistage qui détecte les patients de façon précoce puis les suit à distance. Le SAMU 31 reste la vigie de ce dispositif. « Nous jouons les sentinelles pour le pôle gériatrie, dès que nous recevons un appel d’EHPAD pour une suspicion de Covid, nous les prévenons et ils envoient leur équipe mobile », résume le Pr Vincent Bounes, patron du SAMU 31. « L’idée pour nous c’est bien d’éviter, grâce à ce dispositif, les hospitalisations de patients peu atteints et de soulager les urgences de l’hôpital. »
Au pôle de gériatrie, une équipe mobile de dix-sept soignants (huit médecins gériatres et neuf infirmiers) a donc été affectée au dispositif Covid-19. « En dix jours, nous avons testé quarante-cinq patients », évalue le Dr Hélène Villars, gériatre au CHU. Les quelques résidents testés positifs ont été confinés dans leur chambre sans attendre les dernières recommandations ministérielles en ce sens. Quand l’hospitalisation n’est pas nécessaire, un suivi à distance s’organise entre les gériatres du CHU et le médecin coordonnateur d’EHPAD via la plateforme régionale de télémédecine téléO. Une télé-expertise collégiale se met alors en place entre les professionnels de santé engagés. « On partage les connaissances et protocoles hospitaliers de prise en charge en hospitalisation à domicile, puis le suivi des patients s’organise au cas par cas en fonction de leur état. Nous échangeons quotidiennement quand nécessaire, sinon tous les quatre ou cinq jours, ou à J7 lorsque les gens ont tendance à décompenser », raconte le Dr Villars.
Le pôle gériatrie du CHU a depuis incité tous les hôpitaux généraux de la région à créer des dispositifs identiques s’ils disposent des ressources suffisantes pour le faire. Les gériatres toulousains ont aussi listé conseils, rappels de prise en charge et gestes barrières à destination des médecins coordonnateurs. Une aide précieuse consultable sur le site de la Société française de gériatrie et gérontologie.
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