Rebelote : après avoir publié en octobre dernier un arrêté très symbolique interdisant à ses administrés de tomber malades, Justine Guyot, la maire de Decize, une commune de 5 600 habitants dans la Nièvre, lance une deuxième opération de communication afin d’alerter sur l’impact provoqué par le manque de médecins sur son territoire.
Un « hôpital de campagne » éphémère sera installé mardi prochain, le 19 novembre, dans la salle polyvalente de la ville, en présence de nombreux médecins Padhue, d’élus de tous bords et de patients. L’objectif de cette action est d’opposer l’absence chronique de praticiens sur place et la présence de Padhue non affectés, au statut précaire, et qui pourraient pourtant s’y implanter.
Dans le Journal du Centre, la maire, qui a échangé avec le conseil de l’Ordre local, rappelle qu’elle ne veut pas tomber dans l’illégalité avec la création de cet hôpital éphémère. Il n'est donc plus question de consultations gratuites mais plutôt de messages préventifs avec des ateliers, tables rondes et autres cahiers de doléances.
« Ce n’est pas un vrai hôpital. Il y aura bien des chirurgiens sur place et des anesthésistes réanimateurs… mais pas de blocs opératoires. Nous l’avons juste appelé “hôpital” pour ne pas qu’il soit appelé “salle des fêtes” », glisse le Dr Abdelhalim Bensaïdi, praticien attaché en diabétologie et vice-président de l'association Ipadecc (intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise). Cette association très mobilisée a même adressé un courrier au gouvernement afin de trouver un vecteur législatif pour que ces praticiens puissent être autorisés à soigner rapidement les gens dans les déserts médicaux, précise le Dr Bensaïdi.
L’originalité de l’initiative de la commune de Decize est aussi la mise en place de cahiers de doléances afin de recueillir les difficultés des habitants. Dans la presse locale, la maire de la ville s'engage à transmettre à l’agence régionale de santé (ARS) Bourgogne Franche Comté une liste des personnes privées de médecin traitant pour leur trouver une solution.
L’idée est bien de faire une action spectaculaire à visée médiatique
Dr Christian Guy-Coichard (Ufmict-CGT)
Le Dr Christian Guy-Coichard, représentant de l’Ufmict (Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres et techniciens) CGT explique le sens de cette démarche locale, qui corrèle la problématique des déserts médicaux et la situation précaire des Padhue. « Nous voulons faire une action spectaculaire à visée médiatique pour montrer qu’il y a un besoin qui n’est pas couvert alors qu’il pourrait l’être ! L’objectif n’est pas de remplacer un centre de santé qui devrait être là. » Quant à la question de savoir si le recours aux praticiens à diplôme étranger est une solution durable dans les zones fragiles, le syndicaliste souligne que « ces médecins ne sont pas là uniquement pour jouer les bouche-trous. Ce sont des médecins à part entière qui ont une vraie compétence ».
S’agissant de cet « hôpital de campagne » symbolique, l’ARS confie à ce stade ne pas être en capacité de formuler un avis, puisqu’elle n’a pas été saisie du dossier. Cependant, la maire « est en contact avec le conseil de l’Ordre, dont l'avis est déterminant ».
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