La Fédération hospitalière de France (FHF) avait déjà révélé en avril le déficit abyssal des Ehpad en 2023, à hauteur de 800 millions d’euros. Ces difficultés sont confirmées par une nouvelle étude de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) publiée en juillet. Ce document montre qu’en 2022, 60,3 % des Ehpad étaient en situation de déficit contre 49,3% en 2021. Les établissements publics sont plus percutés (64,5 % sont en déficit) que les établissements privés non lucratifs* (54,3 % en déficit). Au total, le déficit global de tous les Ehpad s’élève à 586,4 millions d’euros en 2022 .
Quelles sont les causes de ces difficultés financières ? D’abord, les charges ont significativement augmenté depuis 2020 (+7,1 % cette année-là, +6,5% en 2021 et +5,4% en 2022), cette hausse étant plus marquée pour les Ehpad publics (+5,6 %) que pour les privés non lucratifs (+5,1 %). Les charges ont augmenté avant tout à cause des mesures de revalorisation des rémunérations (dont le Ségur) et au recours à l’intérim qui a explosé en 2022 (+21,6 %). Une autre raison de cette envolée des coûts est le renchérissement des achats et des charges de fonctionnement (+6,8% en 2022 contre +1,3% en 2021).
Une autre explication au creusement des déficits résulte du taux d’occupation des places en Ehpad en baisse, qui a eu un impact mécanique sur les recettes. Ce dernier est passé de 96,2% en 2018 à 95,9% en 2019 puis s’est effondré à 93,4% en 2020 puis à 91,5% en 2021 et a remonté légèrement en 2022 à 92,9%. En 2022, cela correspond à 15 290 places vacantes, soit un manque à gagner de 327,4 millions d’euros.
En 2022, le montant total de la contribution des résidents était de 9,1 milliards d’euros, soit un montant moyen de 21 413 euros par résident. Le taux de recettes des Ehpad est inférieur de 1,3 % à celui qui aurait été atteint avec un taux d’occupation identique à 2017 et 2018.
Ces difficultés économiques sont constatées sur l’ensemble du territoire. L’étude montre que le taux d’Ehpad en déficit en 2022 est supérieur à 50 % dans 74 départements français. Seuls la Creuse (37,9 %), l’Aube (38,7 %) et la Martinique (40 %) tirent leur épingle du jeu. Parmi les établissements dont la part de déficit est inférieure à 50 %, on retrouve l’Orne, l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, le Loiret, la Somme, la Moselle, la Meuse, l’Aube, la Corrèze, le Tarn, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes.
Quant aux établissements en déficit de plus de 5 %, on en retrouve essentiellement dans le Nord, les Ardennes, le Calvados, le Finistère, la Vendée, le Tarn-et-Garonne, l’Aveyron, l’Ariège, les Pyrénées-Orientales, les Alpes de Haute-Provence, la Haute-Savoie, le Jura et les Hauts-de-Seine.
L’étude de la CNSA ne traite pas des établissements à but lucratif, qui ne sont pas financés par la puissance publique
La solidarité et les résidents, les deux principaux financeurs
Les Ehpad sont financés par plusieurs sources de financement : la branche autonomie (40,8 %) qui finance la section soin, le département qui finance la section dépendance (16 %), le résident (35,2 %) et l’État (7 %). D’autres financeurs plus minoritaires (1 %) sont les caisses d’allocations familiales (CAF) et les mutualités sociales agricoles (MSA).
Plafonnement de l’intérim médical : le gouvernement doit revoir sa copie, maigre victoire pour les remplaçants
Au CHU Healthtech Connexion Day, guichets innovation et tiers lieux à l’honneur
Zones de conflit : ces hôpitaux français qui s’engagent
À l’hôpital public, le casse-tête du recrutement des médecins spécialistes