Quelque 200 personnes ont manifesté mardi 15 octobre à Tourcoing (Nord), fief du ministre Gérald Darmanin, pour dénoncer la suspension des accouchements à la maternité de la ville et réclamer « des moyens pour l'hôpital public », relate l'AFP.
« Non à une maternité fantôme ! », « Hôpital et personnels en souffrance », disaient les banderoles majoritairement aux couleurs de la CGT et Sud Solidaires, portées par des personnels souvent venus des urgences, en grève depuis le 12 juillet.
Les hôpitaux crèvent
Partis du centre hospitalier Dron, les manifestants ont défilé en direction de la mairie pour « interpeller Gérald Darmanin », ancien édile, aujourd'hui premier adjoint « mais surtout ministre – de l'Action et des Comptes publics – et à ce titre responsable de la situation des hôpitaux en France », explique Christophe Charlon, secrétaire général de la CGT au CH. « La maternité de Tourcoing, c’est représentatif de tout un système qui ne fonctionne plus ! Les hôpitaux crèvent, parce que leurs budgets diminuent », résume-t-il.
Depuis le 25 septembre, les accouchements sont suspendus provisoirement à Tourcoing « en raison de l'absence concomitante et inopinée » des médecins, selon l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France. Les activités de consultation et de néonatologie sont maintenues, mais les femmes sur le point d'accoucher sont réorientées vers d'autres maternités, notamment celle de Roubaix. « On est quand même une ville de 100 000 habitants, avec une maternité qui réalise 1 700 accouchements par an, ce n'est pas imaginable qu'elle ferme ! Mais nous n'avons aucune date de réouverture », a déploré Arnaud Schouteten (CGT). Alors qu'il y a eu « jusqu'à sept médecins » dans le service, les quatre derniers, « en burn-out, sont en arrêt maladie », a-t-il souligné.
Contexte démographique tendu
Pour Vincent Porteous, sage-femme anesthésiste au CHU de Lille, « si monsieur Darmanin promet aujourd'hui que la maternité ne fermera pas, on ne sait pas ce qu'il fera une fois passées les municipales ». Venu accueillir les manifestants devant la mairie, le maire Jean-Marie Vuylsteker a assuré « défendre l'hôpital public » mais a peiné à se faire entendre. La foule a réclamé « du pognon, pas des promesses ».
Contactée par l'AFP, l'ARS a regretté un « contexte national et régional tendu en matière de démographie médicale ». « L'arrivée de professionnels est d’ores et déjà programmée en lien étroit avec le CHU de Lille, avec une première arrivée en novembre », a assuré l'agence, réaffirmant la « pérennité » du service à terme.
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