Après la menace de démission de leurs fonctions administratives orchestrée par 1 200 praticiens hospitaliers pour alerter sur la crise de l'hôpital public, six d'entre eux ont été reçus par Agnès Buzyn au ministère de la Santé vendredi 17 janvier. À l’issue d'un échange de plus de deux heures, les médecins démissionnaires ont fait part de leur grande impatience : « madame la ministre n'a toujours pas entendu notre message », écrivent-ils dans un communiqué.
« La déception est forte », résume au « Quotidien » le Pr Jean-Luc Jouve, chef du service d'orthopédie pédiatrique à la Timone (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille). Aucune des trois principales revendications du collectif inter-hôpitaux (CIH), à l'origine du mouvement de démissions, n'a été écoutée. Sur la revalorisation de 300 euros net du salaire des paramédicaux et la hausse de l'ONDAM d'au moins 4 %, la ministre « n'a pas bougé ». Le Pr Jean-Luc Jouve et ses cinq confrères n'ont pas plus été entendus sur leur demande d'une reprise totale de la dette.
Le professeur marseillais souligne toutefois quelques « avancées » avec notamment la promesse d'Agnès Buzyn d'une « mise en place immédiate » de la suppression des premiers échelons de la grille de rémunération des praticiens hospitaliers et l'ouverture d'un dialogue sur la gouvernance. « C'est un élément important mais qui n'est pas à la hauteur de la situation de l'hôpital public », modère-t-il toutefois.
De son côté, la ministre a promis un « deuxième paquet de mesures » et donne rendez-vous aux médecins « dans deux mois », promettant d'engager avec eux « une démarche de travail commune ».
Pas de quoi satisfaire les six démissionnaires. « Il y a une discordance complète entre l'état d'urgence dans lequel est l'hôpital public et l'image que s'en fait madame Buzyn », s'inquiète le Pr Jouve. Face à l'échec de cette réunion, les médecins mettront en application leur menace de démission dès le lundi 27 janvier. Une nouvelle journée « hôpital mort » est par ailleurs prévue le vendredi 14 février. Une grande manifestation devrait être organisée à Paris.
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