C'est un plaidoyer en faveur du financement à la qualité des hôpitaux qu'a livré le Pr Michel Tsimaratos lors d'un webinaire organisé par l'ESCP Alumni Santé.
Le chef du service de pédiatrie multidisciplinaire de la Timone (AP-HM) est un fin connaisseur de l'histoire sanitaire. Il juge que la réforme du financement des hôpitaux est « au milieu du gué ». Les établissements ne sont plus « subventionnés », comme à l'époque du budget global (une dotation annuelle inadaptée aux variations d’activité), ni entièrement rémunérés à la faveur de la tarification à l'activité (T2A), introduite à partir de 2004 mais dont les multiples dérives ont conduit à sa réduction progressive.
Alors que l’objectif du gouvernement est de ramener la part de T2A à 50 % du financement des hôpitaux en 2022, le PU-PH plaide en faveur d'une réforme plus ambitieuse favorisant une amélioration significative et durable de la qualité des soins. « Aujourd'hui, les indicateurs de qualité ne sont toujours pas portés par les professionnels de première ligne », constate-t-il. La crise sanitaire pourrait accélérer le changement : c'est lors de la première vague que « médecins et administratifs ont pu parler d'une seule voix pour se recentrer sur le soin ». En pleine épidémie, « les indicateurs de qualité ont prévalu sur d'autres plus normatifs ou budgétaires », se souvient le Pr Michel Tsimaratos. Encore faut-il transformer l'essai.
Binôme soignant/directeur aux manettes
Le mandarin propose des pistes pour développer de nouveaux critères et assurer leur appropriation. Côté pratiques médicales, il suggère d'instaurer une mesure fiable systématique du taux de maladies nosocomiales ou de la pertinence des traitements médicamenteux. Le Pr Tsimaratos recommande aussi des items relatifs aux conditions de travail. « Par exemple, la pénibilité en gériatrie est très importante, il faudrait pouvoir en faire un indicateur de qualité des soins », énonce-t-il. Le chef de service en est convaincu, il faut permettre d'« atteindre » la qualité plutôt que de la « récompenser » comme une option. Une « philosophie » qui commande une politique de recrutement et de revalorisation des carrières.
Les directions des hôpitaux doivent s'approprier cette culture, consistant à hisser la qualité comme le premier impératif dans la stratégie au lieu de la recherche de l'équilibre budgétaire. « Cela n'est possible que si l'on place des binômes soignant/directeur à la tête des établissements », souligne-t-il. C'est finalement une nouvelle organisation que préconise le pédiatre. « Non pas un management de la qualité mais un management par la qualité des soins ».
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