« C’est impératif. Pour garder l’excellence de la médecine française en matière de formation et de recherche, l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires doit être relancée vite et fort », a appelé de ses vœux Philippe El Saïr lors d’une table ronde organisée ce mardi 21 mai à SantExpo.
Le président de la conférence des directeurs généraux de CHRU, accompagné par le président de la conférence des doyens et celui des commissions médicales d’établissement (CME), a d’ailleurs profité de cette occasion pour adresser un message très politique au gouvernement.
Peu d’engouement de la jeune génération
« Pour que nos CHU restent forts, les pouvoirs publics doivent réinvestir dans le modèle et prendre des mesures immédiates pour renforcer l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires. On sait que les CHU français reposent sur la promesse d’attirer les meilleurs praticiens d’une génération. Pourtant, dans certaines disciplines, on rencontre beaucoup de difficultés à en recruter. »
À mon époque, on se battait pour un poste de chef de clinique
Pr Benoît Veber, président de la conférence des doyens
Avec environ 15 % de postes vacants parmi les chefs de clinique, le secteur semble moins séduire la nouvelle génération de blouses blanches. « À mon époque, c’était des postes pour lesquels on se battait, a fait remarquer le président de la conférence des doyens, le Pr Benoît Veber. Cela montre que le modèle hospitalo-universitaire est progressivement en train de s’essouffler et qu’il faut qu’on l’adapte aux jeunes générations pour éviter qu’il s’effondre ! »
Sans véritables changements de paradigme, le risque serait de voir, dans quelques années, des disciplines laissées à l’abandon faute d’enseignants pour les faire vivre. « En raison du peu de relève, la pédiatrie, la chirurgie pédiatrique et la dermatologie pourraient être les premières disciplines concernées », anticipe déjà l’anesthésiste-réanimateur.
Rattrapage des salaires nécessaires
Pour sauver ce modèle initié par ordonnance en 1958 par le Pr Robert Debré, des adaptations sont indispensables, estiment les doyens et les directeurs d’établissements. « En dix ans, les HU ont perdu 20 % de leur pouvoir d’achat, note le Pr Benoît Veber. Un rattrapage des salaires est donc nécessaire. Il faut également un nouveau statut pour les chefs de cliniques […]. Toutes ces conditions créent un mal-être auquel les pouvoirs publics doivent impérativement répondre. »
Dans ce contexte, doyens, directeurs d’hôpital et présidents de CME attendent de la part du gouvernement des signaux forts. « Nos propositions ont été entendues et reçues positivement, salue le Pr Benoît Veber, faisant référence aux engagements du gouvernement lors des dernières assises des HU, en décembre 2023. Il faudra maintenant que tout ça soit mis en musique et que nous soyons fixés avant l’été », résume-t-il.
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