Le gouvernement stigmatise-t-il à bon compte les médecins « mercenaires », sans faire le nécessaire pour revaloriser à leur juste niveau les carrières hospitalières ? Après l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH), c’est au tour du syndicat Jeunes Médecins d’accuser le ministère de la Santé de mettre l’accent sur le « plafonnement » des tarifs de l'intérim médical, sans prendre les mesures dignes de ce nom pour l’attractivité au sein de l’hôpital public. Le syndicat s'impatiente après avoir participé au troisième comité de suivi du Ségur des personnels médicaux hospitaliers.
Diabolisation ?
En présence du ministère, de la FHF et des organisations représentatives, cette réunion a notamment abordé les modalités de sanction du dépassement du plafond légal des tarifs de l’intérim médical. La loi Rist (qui concrétisait certains engagements du Ségur) oblige le comptable public à rejeter tout paiement de salaire au-delà de ce plafond.
Mais pour le président de Jeunes Médecins, Emanuel Loeb, le plafonnement de l’intérim est un faux débat. « Est-ce que c’est lui qui met en danger l’hôpital public ? Je ne le crois pas. D’autant plus que, pour d’autres professions de santé, comme les infirmières, l’intérim ne permet même plus de recruter », confie-t-il au « Quotidien ». Le recours à l'intérim vise avant tout à « suppléer une incapacité à remplir les postes », explique-t-il. Et d'accuser Olivier Véran d'utiliser de « vieilles ficelles en agitant le chiffon rouge » contre les praticiens intérimaires.
La priorité est donc ailleurs pour Jeunes Médecins qui milite pour des mesures fortes améliorant l’attractivité des PH titulaires, dans un contexte de « délabrement » de l’hôpital public. « Plutôt que de reconnaître qu’il y a une crise systémique, nos gouvernants disent que le problème, c’est l’intérim médical », se désole le président de Jeunes Médecins. Une stratégie qui vise selon lui à « diaboliser certains praticiens pour mieux se dédouaner ».
Rémunération plancher
« Plutôt que de mener une politique livrant à la vindicte populaire des boucs émissaires tout désignés », le syndicat appelle à ouvrir un débat sur la santé abordant les grands enjeux à venir. Objectif, pour Jeunes Médecins : dépasser l'épisode du Ségur « qui s’est soldé, malgré les milliards dépensés, par l’accélération de la désertion des personnels de santé de l’hôpital public ».
Dans ce contexte, le syndicat réclame une « rémunération plancher » des médecins à l’hôpital public, qui permettrait à la fois à tous les internes de démarrer leur cursus à « 2 000 euros par mois » (au lieu de 1 500 euros) et d'assurer aussi un début de carrière à « 5 000 euros mensuels brut » pour tous les PH à temps plein. Des seuils symboliques qui, selon Emanuel Loeb, permettraient de concurrencer davantage les rémunérations du privé et des ESPIC (secteur privé non lucratif).
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