Pédagogie, souplesse, médiation et quelques résistances… Le pass sanitaire a fait, hier, son entrée à l’hôpital, contrôlé par des agents de sécurité à l’entrée des établissements. « On est au démarrage dans un dispositif qui se veut très souple », assure à l'AFP Marion Bousquié, directrice de l'hôpital Ambroise-Paré (AP-HP) à Boulogne-Billancourt.
Ce lundi 9 août, « tous les patients entrent à l'hôpital comme prévu, même en absence de pass sanitaire, mais on leur explique quelles sont les règles qui entrent en vigueur », explique-t-elle, ajoutant que la plupart ont présenté leur pass très spontanément.
Patient venant pour des soins programmés, visiteurs, accompagnants… Tous doivent montrer patte blanche. Devant les hôpitaux de l'AP-HP, des agents de sécurité vêtus de gilets fluorescents scannent sans discontinuer les QR codes qui leur sont présentés.
À l’inverse, les patients qui arrivent aux urgences, ceux en situation de handicap sévère ou en grande précarité sont exemptés de pass, de même que leurs accompagnants. Le ministère de la Santé a d’ailleurs assuré hier que certaines souplesses pouvaient être accordées sur décision « du chef de service ou de l’autorité compétente quand l’application du pass peut nuire à l’accès aux soins ».
Soigner tout le monde
Pour les premiers jours, l'AP-HP a déployé des médiateurs armés de flyers, dont le rôle est d'informer mais aussi d'évaluer la situation des uns et des autres. Sophie, cadre de santé, est volontaire pour assurer cette médiation aux portes d'Ambroise-Paré. « Nous sommes là pour que la loi s'applique sur le terrain mais c'est notre mission de faire en sorte que tout le monde puisse être soigné », rassure-t-elle.
Des tentes pour réaliser des tests antigéniques délivrant des résultats en 15 minutes ont été installées pour accueillir les patients ayant besoin de se faire dépister, faute de vaccination complète.
Annulation de rendez-vous
Devant l'hôpital européen Georges-Pompidou (XVe arrondissement), en ce jour de rodage, une altercation survient entre un accompagnant et les contrôleurs du pass sanitaire. « Moi, je m'en fiche de pouvoir aller au restaurant ou au cinéma, ce que je veux c'est pouvoir accompagner ma femme à son rendez-vous », crie Gérard à travers les barrières de sécurité. Dépourvu de pass, ce septuagénaire n'a pas pu accompagner au scanner sa femme Nicole, atteinte d'un cancer, qu'il a attendue dans sa voiture.
Le Dr Coline Martin, diabétologue, anticipe « pas mal » d'annulations de consultations : « je pense que les patients ne sont pas forcément au courant… Ils vont venir, se faire refuser et revenir plus tard avec un test. Ça va être assez compliqué cette semaine, il y aura sûrement quelques résistances ».
Rassemblement contre la vaccination obligatoire
Les personnels des établissements de santé ou intervenant auprès des personnes fragiles ont pour leur part jusqu'au 15 octobre pour présenter un schéma vaccinal complet. À l'AP-HP, les agents disposent d'un portail internet pour télécharger un certificat attestant de leur statut (vaccination complète, rétablissement du Covid, contre-indication à la vaccination, test antigénique ou PCR négatif de moins de 72 heures). Ils doivent l'actualiser avant chaque prise de poste.
À l’AP-HP, la vaccination obligatoire a provoqué la colère de la section FO. Ce mardi matin, un rassemblement a eu lieu à l’appel du syndicat devant le siège de l’AP-HP, à l’occasion du CHSCT devant concrétiser la mise en œuvre de cette vaccination obligatoire.
Le syndicat demande, entre autres, un « arrêt du harcèlement quotidien pour savoir qui est vacciné », « l’arrêt immédiat des listes qui circulent sur les agents non vaccinés » ou encore que chaque établissement puisse « réaliser des tests PCR pour tous les agents qui le désirent ». Présent au CHSCT, FO AP-HP va aussi exiger que « tous ceux qui veulent être vaccinés le soient, ce qui n’est toujours pas le cas pour l’instant » et refuse toute suspension de salaire pour les personnels non-vaccinés.
Au total, plus de 80 000 personnels de l'AP-HP ont reçu au moins une dose de vaccin sur « une cible à 100 000 personnes », a indiqué Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP. La réticence est plus forte chez les aides-soignants, vaccinés à 49 %, contre 94 % pour les médecins, selon ces chiffres.
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