À l’hôpital, quatre femmes médecins sur dix victimes d’agressions sexistes ou sexuelles les douze derniers mois

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Publié le 13/06/2024
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Les femmes médecins exercent à l’hôpital dans un climat où paroles, attitudes, comportements intrusifs et pressions pour obtenir des faveurs sexuelles sont fréquents, révèle le 13 juin un baromètre de l’Association Donner des elles à la santé.

Crédit photo : SYSPEO/SIPA

Violences sexistes et sexuelles, projet de maternité mis à mal ou repoussé, congés maternité sous le sceau de la culpabilité, désamour des postes à responsabilités : à l’hôpital, l’inégalité entre les hommes et les femmes médecins est criante. C’est ce que relate la 5e édition du baromètre de l’association Donner des elles à la santé, dont les résultats ont été révélés ce jeudi 13 juin.

Au cours des douze derniers mois, 39 % des femmes médecins relatent avoir été victimes d’agressions sexistes ou sexuelles, qui ont pris plusieurs formes : paroles, attitudes, comportements intrusifs, questions intrusives sur la vie privée et sexuelle, pressions pour obtenir des faveurs sexuelles, etc.

Le sondage (qui a eu lieu avant l’émergence du mouvement Me Too à l’hôpital) met en lumière un autre pourcentage intéressant : 56% des hommes médecins ont eu connaissance de comportements sexistes sur la même période.

L’enquête montre également la difficulté des victimes à dénoncer ces violences au sein de l’hôpital. 35 % des femmes n’en parlent pas (ni à l’intérieur de l’établissement, ni à l’extérieur), 30 % relatent les faits à leurs pairs, seules 4 % font remonter les problèmes aux personnes référentes sur la question et à la hiérarchie. L’association pointe « la méconnaissance des processus et ressources mis en place dans les établissements », connus par moins d’une victime sur cinq.

La vice-présidente, le Dr Coraline Hingray, souligne aussi un manque de mesures prises par les administrations et l’Ordre : « Comment peut-on demander aux femmes de parler ? Pour 4 % des femmes qui l’ont fait, 18 % seulement ont vu des sanctions prises contre les auteurs ».

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Une femme sur quatre incitée à ne pas poser de congé maternité

Près d’une femme sur deux (46%) a retardé son projet de grossesse pour des raisons professionnelles. Ce chiffre interpelle d’autant plus qu’elles sont 44 % de femmes à ne pas hésiter à évoquer le sujet avec leur supérieur hiérarchique lorsqu’elles ont un projet d’enfant. Reste que 27% d’entre elles indiquent avoir entendu un manager leur recommander de ne pas prendre leur congé parental sur une période définie. Cela ne concerne que 8 % des hommes.

Et même si 84 % des femmes médecins prennent malgré tout leurs congés dans leur intégralité, elles ne sont que 15 % à avoir été remplacées.

Pour Géraldine Pignot, présidente d’honneur de l’association, « les femmes subissent une triple peine. Une femme sur deux a retardé un projet de grossesse, ensuite elles subissent une pression psychologique, avec un sentiment de culpabilité. Vient enfin la troisième peine : l’accès, plutôt la difficulté d’accéder à des postes à responsabilités ».

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Un désamour des postes à responsabilités

De fait, seules 31 % des femmes de moins de 45 ans souhaitent qu’on leur propose un poste avec davantage de responsabilités contre 58 % des hommes. Tous évoquent pour justifier leurs désintérêts le manque de temps pour leurs proches et leur famille, la fatigue et le stress ainsi que le manque de reconnaissance salariale.

* Données collectées par Ipsos en collaboration avec les laboratoires Janssen. Échantillon représentatif de 500 médecins hospitaliers (hommes et femmes) interrogés en ligne du 29 janvier au 20 février 2024 selon la méthode des quotas



Source : lequotidiendumedecin.fr