La Fédération nationale de l'hospitalisation à domicile (Fnehad) a célébré en grande pompe et devant 650 personnes ses 50 ans, ce mardi 5 décembre, au Petit Trianon, à Paris. L'occasion pour sa présidente, la Dr Élisabeth Hubert, de revenir sur l'histoire de la HAD, de mettre en avant ses atouts pour les médecins et les patients, et de dresser un bilan. Quelque 160 000 patients ont été pris en charge en 2022 tandis que plus de six millions de Français ont été soignés en hospitalisation complète, relève la présidente en poste depuis 2006.
La progression de l'activité de l'HAD en 2022 n'a été que de 0,3 %, « bien loin des 10 % de progression que nous avions connus en 2010 ou 2020 », déplore la présidente, pour qui, envers et contre tout, « la HAD est l’avenir de l’hospitalisation, le classique hébergement hospitalier ayant vocation à s’effacer au profit du maintien au domicile ».
Les caractéristiques de la HAD sont également « de nature à rassurer les prescripteurs notamment hospitaliers et à prouver que nous pouvons être "les mains et les yeux" de praticiens soucieux de donner les meilleures chances de guérison à leurs malades, sans rien concéder aux exigences de pertinence et de qualité », a-t-elle insisté.
À mettre à son actif, l’HAD assure le tiers de séjours en soins palliatifs, soit 75 000 séjours sur 220 000 recensés.
Liste de courses
Élisabeth Hubert a profité de cet événement pour adresser une liste de courses à Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé et de la Prévention, venu clôturer la soirée.
Elle s'est félicitée de l'entrée en vigueur en juin de la réforme du droit des autorisations (l'HAD est désormais reconnue comme une activité à part entière) et de l'introduction dans le budget de la Sécu de 2024 (PLFSS) de l'expérimentation sur l'octroi de forfaits pour les chimiothérapies injectables à domicile. Sur ce deuxième point, le ministre de la Santé a commenté : « Cette avancée représente un progrès pour le système de santé avec à la clef une diminution du délai de prise en charge et des économies pour l'Assurance-maladie. »
Sur les autres points sensibles, reste, inéluctable, la question du financement. Élisabeth Hubert regrette que l’HAD dépende toujours à plus de 95 % de la tarification à l'activité (T2A), « ce qui n'est pas le cas des activités de médecine, chirurgie et obstétrique » (à 57 % en 2019). Le ministre a tenté de la rassurer en disant associer la fédération aux travaux de la mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le financement au parcours et à la qualité : « Cette réforme déjà entérinée dans le PLFSS 2024 sera l'occasion de déployer des modes de financement incitant à la coordination de parcours intégrant une prise en charge HAD » a-t-il précisé.
Meilleure lisibilité du parcours HAD
Quant au champ d'intervention de l’HAD, la présidente de la Fnehad demande un élargissement de son périmètre pour les personnes en situation précaire et/ou géographiquement isolées.
Elle requiert surtout un « un financement plus équitable, plus lisible et durable pour les soins très complexes des patients dans le cadre de la HAD rééducation, pour les enfants de moins de trois ans et pour l'obstétrique » à destination des patients des hôpitaux et des Ehpad.
L'anticipation sur les moyens financiers accordés au secteur est une prérogative déterminante, selon la présidente. Cela devrait passer par une loi pluriannuelle de programmation d'ailleurs réclamée de longue date par toutes les fédérations hospitalières, « une demande [jugée] légitime » par Aurélien Rousseau mais qui, pour l'instant, reste lettre morte.
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