Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a ouvert ce jeudi 14 décembre les 18es assises hospitalo-universitaires avec une idée en tête : s'attirer les bonnes grâces du secteur en annonçant (ou confirmant) une série de mesures attendues de longue date et une clause de revoyure « d'ici quatre à six mois ».
Devant les représentants des doyens, directeurs de CHU, enseignants et médecins réunis à Versailles, le locataire de Ségur a repris à son compte une partie des propositions de la plateforme commune des trois conférences (directeurs généraux, doyens et présidents de commission médicale de CHU), toutes « pertinentes » et qu'il convient « d'approfondir ensemble », a-t-il expliqué. Parmi les requêtes des conférences : contractualiser au niveau du service l’exercice des missions hospitalo-universitaires, favoriser une formation au management, ouvrir une concertation sur les statuts HU, créer 1 000 postes HU titulaires sur cinq ans ou encore décliner un modèle d’universitarisation des territoires.
Financer les valences
Pour tenter de répondre aux attentes, le ministre de la Santé a remis au goût du jour le plan d'attractivité de 2021, dont certaines actions étaient restées en jachère. Et d'insister : « Je veux vous assurer que ce discours n'est pas l'expression de belles intentions ». Aurélien Rousseau s'est engagé « à financer les valences enseignement et recherche qui pourraient concerner des praticiens hospitaliers » (PH). Ces derniers réclament depuis des années la reconnaissance de ce temps non clinique qui, contrairement aux PU-PH, n'est pas systématiquement rémunéré en tant que tel. Leurs travaux devront en contrepartie s'intégrer « dans les projets territoriaux ».
Au programme aussi, « un effort particulier sur la modernisation des statuts hospitalo-universitaires titulaires et non titulaires », a confirmé Aurélien Rousseau, citant « l'alignement des obligations de service à dix demi-journées » (plutôt que onze actuellement) et « l'accès aux droits sociaux de droit commun des autres agents publics ». Le statut de chef de clinique-assistant des hôpitaux (CCU-AH) sera également « sécuris[é] ». «On sait que ce statut est confronté à des difficultés redoutables de recrutement alors qu'il s'agit d'un vivier décisif pour l'avenir des CHU », a précisé le ministre, sans en dire plus sur sa méthode.
Le service revient en force
Dans la même veine, le rôle des cadres de santé sera « renforc[é] » dans le binôme qu'ils forment avec les chefs de service, avec une « véritable coconstruction du projet médico-soignant ».
Plus globalement, c'est à l'échelon « central » du service – réhabilité – que « tous les maillons managériaux » un sein des CHU feront l'objet d'une « redéfinition de leurs fonctions » pour redynamiser les collectifs. La formation des médecins exerçant des fonctions d'encadrement sera « consolid[ée] ». Là encore, le ministre s'en est tenu là.
Enfin, Aurélien Rousseau a confirmé la prise en compte des émoluments hospitaliers dans le calcul de la retraite des 6 000 HU titulaires – MCU-PH et PU-PH. Cette mesure majeure pour le secteur entrera en vigueur en 2024. « Nous accompagnerons la réforme pour que celle-ci puisse pleinement produire ses effets et améliorer le niveau de remplacement des professionnels HU lorsque ceux-ci liquident leurs droits à la retraite, y compris pour ceux qui sont en deuxième ou troisième partie de carrière », a précisé Aurélien Rousseau. Il assure au passage avoir entendu les « craintes » d'une partie des syndicats de PU-PH sur la mise en musique de cette décision.
Étape positive
Les trois conférences ont plutôt bien accueilli le discours ministériel, avec les engagements sur l'attractivité des CHU ou l'enjeu des territoires. Le Pr Rémi Salomon, patron de la conférence des présidents de CME de CHU, a salué des perspectives positives, à défaut d'engagements immédiats. « Nous avons eu un accueil favorable des deux ministres [Aurélien Rousseau et Sylvie Retailleau], même s'il n'y a pas eu d'annonces très concrètes. Ils nous donnent rendez-vous dans quatre à six mois. Il y a une urgence de redonner une perspective aux jeunes. » Le Pr Benoit Veber, président de la conférence des doyens de médecine, abonde. « Nous avons l'impression d'avoir été entendus. Aucune de nos propositions n'a été rejetée par les ministres. C'est une journée historique pour relancer notre modèle. » Et pour Philippe El Saïr, à la tête de la conférence des DG de CHU, il s'agit bien de « relancer le modèle du CHU pour les 20 prochaines années. Les deux ministres ont confirmé l'urgence de réformer ! Le CHU n'a jamais été aussi nécessaire pour l'accès aux soins, la formation des professionnels de santé et la recherche en santé ».
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