Les blouses blanches de l'hôpital public renouent avec la mobilisation dans la rue.
Une nouvelle journée nationale de grève et de mobilisation est programmée mardi 15 juin avec des rassemblements prévus partout en France. Plusieurs centrales syndicales (CGT, SUD, CFE-CGC), syndicats de médecins (AMUF, APH), collectifs de soignants (inter-urgences, inter-hôpitaux, inter-blocs, printemps de la psychiatrie) et d'usagers (Coordination nationale) sont à l'origine de cette journée d'action pour défendre l'hôpital public.
Depuis deux ans que dure la crise sociale à l'hôpital, et malgré les efforts concédés par le gouvernement en juillet dernier avec le Ségur de la santé, les revendications fondamentales n'ont pas changé. Les grévistes réclament des revalorisations salariales plus massives, des moyens supplémentaires pour l'hôpital et l'arrêt des fermetures de lits.
Un dernier échelon inaccessible ?
S'agissant de la revalorisation de 183 euros net mensuels accordée à différents corps de métier, « beaucoup de salariés en sont encore exclus », a expliqué ce vendredi Mireille Stivala, secrétaire générale de la fédération de la santé et de l'action sociale CGT. La réévaluation des grilles salariales d'une vingtaine de métiers paramédicaux ne satisfait pas non plus les organisations syndicales. « Les nouvelles grilles sont tout à fait insatisfaisantes et ne sont pas complètes », s'offusque la syndicaliste.
Côté médecins, le compte n'y est pas non plus. « Le Ségur de la santé n'a pas réglé le problème d'attractivité de la carrière de praticien hospitalier », a lancé le Dr Emmanuelle Seris, au nom de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF). Malgré la suppression des trois premiers échelons de la grille de rémunération et la création de trois nouveaux paliers en fin de carrière, « il faut arriver à un âge extrêmement avancé pour atteindre le dernier échelon si tant est qu'on puisse y accéder avant la retraite », clame l'urgentiste.
« Le système de santé est depuis des années sous-doté », alerte pour sa part le Dr Jean-François Cibien, président d'Action praticiens hôpital (APH). L'urgentiste d'Agen estime à 15 milliards d'euros le déficit de moyens accordés aux établissements de santé via l'objectif national de dépenses d'Assurance-maladie (ONDAM). Cela se traduit à ses yeux par un « effondrement de l'offre de soins » et la fermeture de plusieurs services et notamment des SMUR. « Le départ de praticiens et de soignants devient légion, poursuit le responsable. Aujourd'hui on ne fait plus carrière à l'hôpital car les jeunes ne s'y retrouvent plus. »
Sujet prioritaire en 2022
« On a le sentiment que la crise nous a tous mis à genoux et que beaucoup de collègues changent de métier », abonde le Dr Sophie Crozier, membre du collectif inter-hôpitaux (CIH) et fondatrice de l'association « Notre hôpital, c'est vous » qui réclame un référendum sur la sauvegarde de l'hôpital public. La neurologue en appelle aux responsables politiques et entend peser sur les prochaines élections. « Il serait inacceptable, impensable que la santé ne figure pas parmi les sujets prioritaires à la présidentielle de 2022 », prévient-elle.
Des défilés de blouses blanches sont attendus dans plus d'une vingtaine de villes comme à Marseille, Strasbourg, Mulhouse, Toulouse, Besançon, La Rochelle ou Nice… À Paris, un grand rassemblement de la fonction publique est prévu à partir de midi, à Bercy, aux abords du ministère de l'Économie et des Finances. Un cortège « santé et action sociale » s'élancera ensuite à 13h30 en direction de l'hôpital Cochin. Les organisateurs ont sollicité un rendez-vous avec Olivier Véran au ministère de la Santé.
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