Suite à la décision du Conseil constitutionnel d’entériner la vaccination obligatoire des soignants et le pass sanitaire, les centrales SUD Santé Sociaux et CGT Santé et Action sociale ont lancé un appel à la grève dès la semaine dernière. Une grève « nationale » et « illimitée » des personnels médicaux et administratifs pour la CGT, commencée ce lundi 9 août.
La mobilisation syndicale a fait réagir Olivier Véran, jeudi 5 août en déplacement au centre hospitalier d'Aix-en-Provence. « Vient un temps où ces personnes n'auront plus le loisir de faire grève puisque par définition cette obligation vaccinale s'appliquera », a alors déclaré le ministre de la Santé, devant la presse.
Trois jours plus tard, FO, CGT et SUD dénoncent les propos du ministre, s'apparentant selon eux à une « mise en cause du droit de grève » des soignants, en raison de l'obligation vaccinale qui va s'appliquer. La petite phrase peut « laisser entendre une mise en cause du droit de grève, un droit constitutionnel attaché à la liberté syndicale et à la démocratie », déplore la confédération FO, qui « attend du gouvernement qu'ils (ces propos N.D.L.R.) soient retirés sans délai ».
Pour Denis Betand, de la CGT Santé et Action sociale, « ces propos sont à l'image de M. Véran, méprisants ». « Ils accentuent la colère, déjà immense, ce qui va nous conforter dans la poursuite de la grève. M. Véran est hors-sol, il y a un écart abyssal entre ses effets d'annonce et la réalité. Il prouve qu'il ne maîtrise absolument pas la situation et que la politique de santé menée n'est pas adaptée à la réalité », ajoute-t-il auprès de l'AFP.
Déterminés à poursuivre les actions
« Les personnels de santé ont donné de leur vie, ils veulent avoir le choix de se vacciner. Ils ont prouvé depuis 18 mois qu'ils faisaient face à la pandémie », poursuit Denis Betand, s'indignant : « en février, le gouvernement imposait à ceux positifs au Covid mais asymptomatiques de travailler par manque d'effectifs, en mars 2020 on les applaudissait et maintenant on va les licencier ! ». Il a déploré la « fermeture de 69 000 lits d'hôpitaux depuis 2003 » selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) et « l'incapacité du système à prendre en charge les besoins réels de la population bien avant la crise du Covid ».
Pour Jean-Marc Devauchelle, de SUD Santé Sociaux, « remettre en cause le droit de grève parce qu'une loi a été votée, n'engage que M. Véran ». « C'est beaucoup plus facile d'être autoritaire devant les caméras que devant les personnels avec lesquels il n'y a pas de discussion », déclare-t-il, se disant lui aussi « déterminé à poursuivre l'action et tous les recours possibles » contre la nouvelle loi.
La fédération SUD Santé Sociaux a été l’une des premières à se mobiliser contre l’obligation vaccinale des soignants, demandant à la fois un retrait de la mesure, un « accès universel à la vaccination » et la levée des brevets.
Les soignants en grève étant assignés. Seuls ceux qui sont en repos ou en congé peuvent manifester et rejoindre les cortèges tous les samedis contre le pass sanitaire. « Beaucoup l'ont fait samedi partout en France, notamment à Paris, Lyon et Marseille », assure Jean-Marc Devauchelle. À l’instar de la CGT, il met en garde contre un « fort taux d'absence des soignants dans les semaines à venir ».
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