Le Pr Dominique Rossi, président de la CME de l'Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM), monte au front pour défendre le projet médical du CHU marseillais, dans un contexte d'efforts pour revenir à l'équilibre mais aussi de modernisation.
LE QUOTIDIEN : Où en êtes-vous de la préparation du nouveau projet médical ?
Pr DOMINIQUE ROSSI - Nous avons rédigé une note de cadrage adressée à tous les médecins du CHU. Elle était signée aussi par la directrice générale de l'AP-HM et par les doyens des facultés. Au-delà de l’efficience recherchée, nous voulions montrer que la gouvernance de l’AP-HM est soudée ! Cette lettre de cadrage met l'accent sur les projets universitaires liés à la recherche clinique, sur la position des différentes spécialités par rapport au GHT [groupement hospitalier de territoire, NDLR] ou encore sur les demandes des équipes médicales (organisation, modernisation des activités). Au centre de nos préoccupations figure la prise en charge du patient.
Concrètement ?
Nous avons recueilli les revendications des différentes disciplines hospitalo-universitaires. Nous sommes dans la phase de synthèse et d’arbitrage entre les souhaits des équipes, les contraintes financières et les directives nationales.
Nous travaillons main dans la main avec la direction générale pour concilier les choses. Même si tout n’est pas réglé, le futur projet médical de l'AP-HM sera axé sur le renforcement de la thématisation des sites hospitaliers. On travaille aussi sur la promotion de la chirurgie ambulatoire, la création du biogénopole…
Où en êtes-vous sur ce point ?
Le travail de réorganisation de la biologie à Marseille a été initié depuis plusieurs mois et il satisfait les médecins. Il s’agit d’un projet abouti qui demande 40 millions d'euros d’investissement et que nous avons pu présenter le 29 mars au Copermo (comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers).
Dans les investissements, il y a également la rénovation des bâtiments de grande hauteur de l’hôpital Nord et de la Timone ?
Il s’agit d’un projet de modernisation d’une ambition extrême, qui s’inscrit sur le long terme. Il ne s’agit pas seulement de rénover mais de reconstruire à neuf. Notre ambition se situe au-delà de 2020.
Qu’en est-il de la maternité au centre de Marseille, celle de la Conception étant très dégradée ?
Nous gardons les deux maternités de niveau 3, à l'hôpital Nord et au centre. Nous devons maintenant annoncer aux obstétriciens l’arbitrage entre la Conception et la Timone. Il ne s’agit pas uniquement de localisation foncière mais aussi de l’organisation des soins. Vous en saurez plus bientôt.
En quoi est-ce important d’avancer sur ce projet médical avec la directrice générale ?
Il existe désormais un dialogue permanent et constructif, qui a permis de faire cesser l’AP-HM « bashing ». Les médecins eux-mêmes ont pris conscience qu’il n’y avait pas d’autre issue qu’une collaboration étroite avec la direction générale. On doit donner envie aux médecins de s’épanouir à l’AP-HM et créer une nouvelle dynamique. Nous partageons leurs craintes et nous essayons de trouver des solutions.
C'est vrai, nous sommes dans une situation difficile. Mais nous avons analysé ce qui ne va pas, y compris avec le rapport de l’IGAS. Aujourd’hui, nous avons défini un cap commun. Nous restons unis pour mieux gagner.
Le 3 mars, « le Quotidien » a révélé le suicide d’un jeune médecin de 27 ans, interne en chirurgie à l’hôpital de la Timone…
Je n’ai rien à dire de plus aujourd’hui, sinon d’attendre les conclusions de la commission d’enquête interne. La CPAM a également diligenté une enquête pour déterminer s’il s’agit d’un accident de travail. Nous n’avons pas attendu ce drame pour dire que le métier d’interne est très difficile et que la gestion des internes à l’AP-HM est un problème quotidien. Cela conforte notre réflexion pour améliorer les choses.
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