Fidèle à sa gouaille et sans langue de bois, le Pr Guy Vallancien a livré sa vision radicale du système hospitalier à l'occasion d'un débat organisé par le Café nile. À quelques jours des annonces sur la stratégie de transformation du système de santé, l'urologue de l'Institut mutualiste Montsouris (IMM), touche-à-tout de 72 ans, se dit « très inquiet » et craint que le gouvernement remette « une copie un peu molle ».
« Si j'entends encore parler de centre hospitalo-universitaire, c'est foutu ! », résume-t-il. Alors qu'on s'apprête à fêter leurs 60 ans, le Pr Vallancien rêve de voir disparaître les CHU en l'état. « Car dans CHU il y a deux mots qui n'ont plus aucun sens aujourd'hui. » Il récuse le terme de « centre », qui empêche selon lui d'imaginer toute forme de décentralisation et celui d'« hôpital », à l'heure du développement de l'ambulatoire et de la disparition des lits.
Quitter la blouse pour la cravate
En échange, il propose la création d'une nouvelle entité : les « GMU », pour « groupes médico-universitaires ». L'objectif ? Faire passer les acteurs de santé d'une logique de « concentration » à une logique de « diffusion » en élargissant le périmètre du groupement aux maisons de santé et aux établissements privés.
Et pour conserver le « U », il suggère « l'universitarisation de toutes les structures qui appartiendront au GMU », y compris les cliniques privées et en ouvrant les portes aux industriels dans le financement de la recherche. C'est de cette manière seulement que l'on pourra briser l'hospitalocentrisme décrié par le Pr Guy Vallancien.
Mais tout cela doit s'accompagner d'une clarification de la gouvernance. Exit le président de commission médicale d'établissement (CME), perçu par l'urologue comme « un vice-président élu par ses pairs mais qui se retrouve souvent opposé à eux ». Guy Vallancien n'est pas contre un vrai pouvoir médical à condition que « son directeur quitte la blouse pour la cravate ». Exit aussi la direction hospitalière unique jugée responsable de blocages administratifs. « Aujourd'hui, une seule personne s'occupe de trois domaines, l'universitaire, le clinique et la recherche, ce n'est plus possible, il faut scinder ! »
La moitié du budget de la Sécu aux régions
Côté organisation, le chirurgien réclame davantage d'autonomie aux établissements. Son mot d'ordre : « foutons la paix aux hôpitaux ! ». Il imagine une décentralisation qui permettrait aux acteurs de s'organiser dans les territoires et souhaite même « donner la moitié du budget de la Sécu aux régions ». Ce n'est qu'ensuite que viendrait le temps de l'évaluation : qualité et pertinence des soins seront mesurées grâce aux bases de données et à des questionnaires adressés aux patients. Sur quelques indicateurs bien définis, les médecins pourront se comparer entre eux et améliorer leur pratique. « Les professionnels sont demandeurs de ce type d'évaluation », affirme le Pr Vallancien.
Le chirurgien plaide ouvertement en faveur de la délégation de tâches. « Si je regarde ma pratique, 50 % des actes sont transférables, et je parle bien de transfert et non de délégation, c’est-à-dire responsabilité incluse », a-t-il déclaré avant d'ajouter non sans provocation : « Je ne vois pas pourquoi il faut douze ans d'études pour opérer une hydrocèle ou un phimosis. »
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