Le témoignage de l'ancienne résistante Madeleine Riffaud au sujet de son passage aux urgences de Lariboisière – où elle serait restée 24 heures sur un brancard – a fait largement réagir depuis sa parution lundi sur le site du quotidien « La Croix ».
Au point que l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a publié un communiqué n'hésitant pas à détailler très précisément le circuit de prise en charge et même les soins reçus par la Parisienne de 98 ans, le 4 septembre. « Des gestes techniques, de soins et de surveillance ont ainsi été dispensés à la patiente de façon régulière tout au long de sa prise en charge, conclut le CHU. Des médicaments adaptés à sa situation lui ont été dispensés. »
« No man's land »
Dans sa tribune, l'ancienne journaliste de « L'Humanité » et écrivaine décrivait des conditions de prises en charge très différentes. « Moi-même, j’ai mis douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée vingt-quatre heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C'était Kafka », dénonçait-elle avec force. « Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspiré dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne, écrit-elle encore. Parfois même, on n’en sort pas vivant… L’infirmier libéral qui vient à mon domicile m’a dit que c’était arrivé à un de ses patients, il y a trois semaines. »
La semaine dernière, le syndicat FO a écrit au ministre de la Santé pour dénoncer le décès d'un patient de 81 ans aux urgences de Strasbourg après une vingtaine d'heures sur un brancard début septembre. « L’AP-HP regrette très sincèrement la façon dont la patiente a vécu sa prise en charge et le fait qu’elle ait eu le sentiment d’avoir été insuffisamment accompagnée », relève le CHU francilien dans son communiqué.
Une longue histoire
Un hôpital que Madeleine Riffaud a connu de l'intérieur il y a très longtemps. En 1974, la journaliste avait enquêté en immersion en se faisant embaucher incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardiovasculaire avant de travailler au Samu dans le service du Pr Huguenard, à l’hôpital Mondor. Ce reportage est devenu un livre, « Les linges de la nuit », vendu à un million d'exemplaires, et encore réédité l'année dernière. « Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition » constate Madeleine Riffaud aujourd'hui.
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