Fait rare, les mesures de valorisation des gardes médicales d'une part (pérennisation de la hausse de 50 %) et d'autre part du travail de nuit (+25 % de son tarif horaire jour) et de dimanche (majoration de 20 % de l'indemnité) pour les paramédicaux ont été plutôt bien accueillies à l'hôpital, même si les blouses blanches soulignent qu'il ne s'agit que d'une étape insuffisante.
« Un pas en avant important », selon la FHF
La Fédération hospitalière de France (FHF) salue « un pas en avant important dans les mesures en faveur de l'attractivité et la fidélisation des métiers à l'hôpital, qui devront être poursuivies durablement ». Elle restera vigilante sur l'intégration effective de ces mesures dans le prochain budget de la Sécu.
La Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés solidaires (Fehap), par la voix de sa présidente Marie-Sophie Desaulle, éprouve « beaucoup de soulagement et de reconnaissance », citant comme « une mesure très positive » l'annonce d'une revalorisation de 25 % du travail de nuit « dans un contexte de tensions de ressources humaines sans précédent ».
« Cette décision constitue une avancée importante en matière d’équité de traitement entre établissements exerçant des missions de service public. Nous nous en réjouissons et nous félicitons de cette orientation », souligne aussi Jean-Yves Blay, président d’Unicancer.
Travail de nuit : la FHP mécontente
En revanche, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) regrette que la valorisation du travail de nuit ne concerne pas son personnel paramédical (infirmières, aides-soignants). « Madame la Première ministre, nous avons aussi des soignants la nuit ! [...] Ils exercent pourtant les mêmes missions au service des mêmes patients que leurs collègues de l'hôpital public », déplore le président de la FHP, Lamine Gharbi. Des discussions sont nécessaires avec les représentants du privé, en raison notamment des « règles de convention collective », a expliqué Matignon.
De leur côté, les représentants des PH ont réagi positivement aux annonces, avec toutefois un goût de trop peu. Contacté ce vendredi par « Le Quotidien », le Dr Jean-François Cibien, président d'Action praticiens hôpital (APH), y voit une « bonne nouvelle » pour les hospitaliers concernés. Ainsi pérennisée, la revalorisation de 50 % des gardes des médecins va, selon lui, dans le bon sens. Même si l’intersyndicale exigeait une majoration de 100 % pour « rattraper la perte du pouvoir d’achat et compenser la pénibilité », précise l’urgentiste du CH d'Agen-Nérac.
Il ne s’agit donc pas d’un « choc d’attractivité », comme l’affirme le gouvernement, mais plutôt d’un « choc de rattrapage » car le ministère a fait « la moitié du chemin », recadre le président d’APH. Et d’ajouter que le coefficient de pénibilité des gardes de nuit a été « multiplié par deux ou trois » entre 2003 et 2023 en raison des fermetures de services et du « nombre croissant de patients lourds qui arrivent le soir et la nuit ».
Pour la Dr Rachel Bocher (INPH), « il ne faut pas s'en tenir là »
Ces mesures sont « un premier pas, mais il ne faut pas s’en tenir là, il faut aller plus loin dans les revalorisations », avertit la Dr Rachel Bocher. Selon la présidente de l’Intersyndicat des praticiens hospitaliers (INPH), « l’hôpital va tellement mal que, si on ne soigne pas les soignants, ceux-ci ne pourront pas soigner correctement les patients ».
Ces annonces posent un « pansement » sur les maux de l’hôpital, poursuit la chef du service de psychiatrie du CHU de Nantes. Selon elle, « il ne faut pas seulement donner des antalgiques quand on a mal, il faut savoir quelle est l’origine du mal ». Raison pour laquelle elle attend la réouverture des négociations sur les carrières hospitalières pour avancer sur les chantiers de la « grille salariale » et de la « gouvernance ».
Le Dr Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au Samu 93 (et encarté à la CGT), dit ne pas vouloir « cracher sur cette aumône ». Mais il redoute « l'effet d'annonce avec des mesures qui vont mettre un temps fou à être appliquées ». Lui aussi espère toujours un choc d'attractivité sur les conditions de travail, de rémunération et sur la pénibilité.
Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), relève un point de satisfaction dans l'augmentation des primes de nuit, qui n'est plus forfaitisée mais proportionnelle au salaire et donc à l'expertise du soignant. Lui aussi appelle de ses vœux un plan Marshall de la santé pour faire revenir au travail les 180 000 infirmières de moins de 62 ans, selon lui, qui ont cessé d'exercer.
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